Le village de Saint-Baussant, bordant le Rupt-de-Mad, est situé dans un secteur qui fut très tôt romanisé. Des substructions et des pièces de monnaie de cette époque furent en effet retrouvées sur son ban. A l’origine, cette localité portait un tout autre nom. Ainsi, dans une charte datant de 795, on la retrouve mentionnée sous la forme « Villa Igmeraga ». Dans ce document, Deodatus léguait tous les biens qu’il y possédait à l’abbaye de Gorze avant de les récupérer en précaire au bénéfice de son fils. Ce n’est que bien plus tard qu’elle prit le nom de son église primitive dédiée à Saint Balsème, martyr chrétien décapité en 407 par les Barbares.
Relevant des Sires d’Apremont puis des Comtes de Bar, la localité fut prise, selon la tradition, par les routiers d’Antoine de Vaudémont lors de sa révolte contre le Duc de Lorraine. Le seigneur de Saint-Baussant fut alors tué dans les combats. Ses neufs chevaux de selle furent emportés par les pillards. En 1449, Guillaume Strousse, seigneur en partie du lieu, se fît rembourser les pertes subies lors de cette attaque.

La présence d’un château est attestée au XVème siècle. Ainsi, en 1453, une maison forte protégée par une ceinture de murailles renforcée par quatre petites tours rondes à ses angles est mentionnée. Son détenteur, Perrignon d’Essey, seigneur de Saint-Baussant, rend alors foi et hommage au Duc de Lorraine et de Bar. Il est précisé que cette fortification est dotée d’une basse-cour comprenant étables, bouveries et granges. Un colombier à neuf piliers, entouré de fossés, est érigé à proximité du Rupt-de-Mad.

Entre 1633 et 1635, alors que la Guerre de Trente Ans battait son plein, les Suédois, alliés du Royaume de France, envahissaient la Lorraine après de nombreux combats livrés en Alsace. Saint-Baussant fut brûlée par ces guerriers protestants venus de Scandinavie. En 1636, les Français ordonnèrent le démantèlement du château. Ses murailles et ses tours furent mises à terre. Ne subsista alors que le donjon qui fut reconverti en maison d’habitation. Ses murs étaient de deux mètres d’épaisseur. Les créneaux du donjon furent démolis et remplacés par une toiture. La tour mesurait encore douze mètres de hauteur.

Le 9 octobre 1723, Saint-Baussant fut érigée en baronnie en faveur de son seigneur, Jean-Baptiste Thiéry de Saint-Baussant qui, en tant que Lieutenant-général du Bailliage de Saint-Mihiel, présidait ce tribunal. Sa famille avait été anoblie au début du XVIIème siècle. Il décéda le 28 septembre 1741. Dans son ouvrage, Les communes de la Meurthe, paru en 1853, Henri Lepage signale l’existence d’un second château construit en 1724. Ce dernier fut démoli en 1823.
Situé sur la ligne de front lors de la Première Guerre mondiale, Saint-Baussant et son château furent ruinés par les bombardements. Sur une carte postale de cette époque, nous pouvons encore entrevoir, à travers l’entrée, le donjon s’élevant derrière les grilles ouvertes. Autour s’activent des soldats allemands. De nos jours, il n’en subsiste qu’une ruine.