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Histoire de l’aître fortifié de Bayonville-sur-Mad

Eglise Saint-Julien de Bayonville-sur-Mad (Crédits photo : Manuel BAZAILLE pour le Groupe BLE Lorraine)

Le ban de l’actuelle commune de Bayonville-sur-Mad est anciennement peuplé. Déjà à l’époque néolithique, des groupes humains fréquentaient les environs d’une grotte sépulcrale à laquelle fut donné, bien plus tard, le nom de Trou des Fées. Dès l’époque celtique, il connut des défrichements destinés à la culture des céréales. Un domaine agricole fut créé lieu-dit Voiseuille. Victime de la Guerre des Gaules, il fut absorbé par celui de la villa créée dans son voisinage, lors de l’époque gallo-romaine, à Goulainvaux, desservie par des sources abondantes. Malheureusement, ce domaine florissant fut complètement saccagé lors d’invasions barbares.

Entré en décadence, l’Empire romain accorda à des Francs le statut de Fédérés. C’est ainsi qu’un groupe de Germains, mené par Baion, après avoir suivi la petite voie romaine menant de Novéant-sur-Moselle au Soiron, s’installa au Vème siècle dans la Vallée du Rupt-de-Mad. En son aval, les vignes étaient déjà nombreuses sur la rive gauche de la rivière bien exposée au Soleil, repoussant les céréales en amont. Ce clan s’installa, par conséquent, sur le site primitif de Bayonville, là où aboutissaient les vignes au moins depuis le milieu du IVème siècle, et où existaient déjà des celliers, dont les voûtes bien conservées et de conception typiquement gallo-romaine sont encore visibles.

aître fortifié Bayonville-sur-Mad
Dans l’aître fortifié de Bayonville-sur-Mad (Crédits photo : Manuel BAZAILLE pour le Groupe BLE Lorraine)

D’abord païens, ces barbares se convertirent au christianisme. Leurs descendants firent ériger une chapelle familiale qui, avec l’accord des autorités religieuses, évolua en église domaniale. Devenue église paroissiale au XIème siècle, Saint-Julien se retrouva au centre d’un aître fortifié en forme de fer à cheval permettant la protection de cette communauté de petits propriétaires vignerons. Pour y entrer, il fallait franchir une première porte, du côté de l’actuelle Rue de Méville, donnant accès à une courte et étroite ruelle bordée de grosses maisons. Une seconde porte permettait de pénétrer dans l’aître fortifié à proprement dit. Dans le fond, se trouvaient les maisonnettes avec leurs celliers destinés à conserver la précieuse récolte des vendanges ainsi que leurs greniers. Au Sud-Est du sanctuaire religieux reposaient les tombes du cimetière à l’origine du nom d’aître. Comme pour de nombreuses églises, la nef de Saint-Julien fut agrandie au XVIIIème siècle pour pouvoir accueillir, lors des services religieux, une population ayant augmenté. Ces travaux lui donnèrent un aspect d’église-grange.

maisonnettes à cellier du XIIIème siècle
Maisonnettes à cellier du XIIIème siècle (Crédits photo : Manuel BAZAILLE pour le Groupe BLE Lorraine)

Nous pouvons encore observer la tour-clocher romane édifiée au XIIème siècle, percée d’archères et de meurtrières regardant vers l’Ouest et le Sud. Seule sa partie haute, abritant les cloches, a été modifiée au XIXème siècle lors d’une restauration. Lorsque le Duc de Lorraine, avoué des religieuses messines de Saint-Pierre-aux-Nonnains, imposa après l’An 1000 son autorité aux habitants de Bayonville, un petit fort fut construit à l’angle Sud-Ouest de l’aître bayonvillois, plus pour contrôler cette communauté à l’esprit indépendant que pour la défendre. Car les Bayonvillois rechignaient parfois à gagner en armes le château de Prény lorsque de cette ancienne forteresse des Ducs de Lorraine se faisait entendre la sonnante cloche Mandeguerre.

église Bayonville-sur-Mad
Tour-clocher romane de l’église Saint-Julien de Bayonville-sur-Mad (Crédits photo : Aimelaime)

Des militaires lorrains, détachés du château de Prény, y montaient donc la garde. Ces derniers pouvaient facilement passer du fort à la tour de l’église à l’aide d’une échelle posée entre deux ouvertures. D’après la tradition, ce fort était constitué de trois tours. Il aurait succédé à l’ancienne maison seigneuriale de Baïon ou de ses descendants. Malheureusement, ce fort et sa belle porte du XVIème siècle ont aujourd’hui disparu. Toutefois, une bonne partie de l’aître est encore conservée et peut être visitée. En faire le tour nous donne l’agréable impression de remonter le temps et de nous retrouver en plein Moyen-âge !

Rédigé par Manuel BAZAILLE

Historien, auteur lorrain, guide conférencier et photographe du patrimoine pour le Groupe BLE Lorraine.

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