Fêtée le 4 décembre, Sainte Barbe, que le calendrier romain désigne désormais sous le nom de Barbara, est la patronne des sapeurs-pompiers, des artificiers, des artilleurs et aussi des mineurs. En Lorraine, terre de mines et de casernes, on se doute que ce personnage a joui d’une aura toute particulière. Mais d’abord, qui était Sainte Barbe ?
Selon la tradition chrétienne, Barbe aurait vécu vers le milieu du IIIème siècle, au Liban. Afin de préserver sa virginité, son père, un riche païen d’Héliopolis, l’aurait enfermée dans une tour. C’est là qu’elle se serait convertie à la foi chrétienne par l’intermédiaire d’un prêtre déguisé en médecin. Apprenant cela, le père, fou de rage, aurait torturé la jeune Barbe, avant de lui trancher la tête. La légende dit, en outre que pour avoir tué sa propre fille, il aurait aussitôt été frappé par la foudre.
Pour ces raisons, Sainte Barbe est traditionnellement représentée avec une tour dans sa main ou à ses côtés. Parfois, elle tient une épée, arme par laquelle elle fut mise à mort, ou la palme des martyrs. On connaît, en Lorraine, de nombreuses statues de Sainte Barbe. L’une des plus célèbres ornait, au Moyen-âge, la fameuse Porte Sainte-Barbe qui, à Metz, enjambait la Seille et défendait l’accès Nord-Est de la cité. C’est sur le fronton de cette porte qu’était inscrite la fameuse devise, aujourd’hui visible au Musée de la Cour d’Or : « Si nous avons paix dedans, nous avons paix dehors ». Patronne du Pays Messin, Sainte Barbe possédait son sanctuaire dans le village éponyme situé à une quinzaine de kilomètres à l’Est de Metz. La basilique, édifiée en 1516 grâce aux dons de Claude Baudoche, alors Maître-échevin de Metz, attirait chaque année de nombreux pèlerins. Le Duc Nicolas de Lorraine, par exemple, s’y rendit en pèlerinage en 1472, tout comme le Duc Antoine et son épouse, en 1525.
Au début du XXème siècle, le pèlerinage attirait encore nombre de fidèles et le curé de Sainte-Barbe s’appliquait à donner à la fête un lustre solennel. Un document, aujourd’hui conservé aux Archives départementales de la Moselle, nous renseigne sur la cérémonie qui s’est tenue dans l’église de Sainte-Barbe le 4 décembre 1924 :
« Le jeudi 4 décembre 1924, la fête principale de la confrérie de Sainte-Barbe a été de nouveau célébrée avec la plus grande solennité. M. l’archiprêtre de Vigy et quatorze autres prêtres étaient présents. Le temps était splendide : une vraie journée de printemps ! Aussi la foule des pèlerins accourus des paroisses voisines était-elle très considérable. La grand’messe a été chantée par M. l’abbé Ange, curé de Lessy. Le panégyrique de Sainte Barbe a été prononcé par M. l’abbé Klein, curé de Haute-Contz. Le matin, soixante personnes de la paroisse avaient reçu la sainte communion. Toute la paroisse a pris part à la fête. L’église était très bien ornée avec de nombreux chrysanthèmes. Après la messe a eu lieu la traditionnelle distribution d’almanachs, de brioches et de pains d’épices aux chantres, aux chanteuses et aux enfants. »
Patronne, comme on l’a dit, des sapeurs-pompiers, des artilleurs et des mineurs, Sainte Barbe a toujours été fêtée par ces corporations de métiers. Chaque 4 décembre, les pompiers célèbrent Sainte Barbe à travers des cérémonies émouvantes. Autrefois, les artilleurs qui possédaient à Metz une importante école, prenaient prétexte de la Sainte Barbe pour festoyer et pour entonner, en fanfare, un certain nombre de mélodies, au premier rang desquelles figurait le célèbre « Artilleur de Metz ».
Mais c’est encore aux mineurs que revenait la palme du faste et de la liesse. Du Pays Haut au Warndt, le 4 décembre n’était qu’une immense fête. Gueules noires, gueules jaunes et becs salés, car c’est ainsi que l’on nommait, respectivement, les mineurs de mineurs de charbon, les mineurs de fer et les mineurs de sel, communiaient d’un air grave, solennel et festif à la fois. Des messes étaient dites en mémoire des mineurs disparus. Des fanfares et des bals animaient les cités ouvrières.
Animaient, oui. Depuis la fermeture des mines de fer dans les années 1990, depuis l’arrêt de l’exploitation en 2004 du site de La Houve, dernière mine de charbon à avoir été en activité en France, il faut parler de tout cela au passé. Les anciens se souviennent encore de quelques 4 décembre mémorables. Seuls les mineurs de sel, du côté de Varangéville continuent de fêter Sainte Barbe. Les mineurs de sel donc, mais aussi les sapeurs-pompiers et quelques régiments d’artillerie. Corporations essentielles, qui fêtent en décembre cette vierge martyre, dont le prénom fut, d’ailleurs, particulièrement porté dans la Lorraine d’autrefois.
Bonne fête aux Barbe, Barbara, pompiers, mineurs et autres artificiers !