C’est en Lorraine que l’on trouve les populations de vipère aspic les plus septentrionales. Tout comme d’autres espèces de reptiles méditerranéens, elles se cachent sous les pierres des pelouses calcaires, à l’image de celles situées sur les hauteurs d’Arnaville.
Contrairement aux couleuvres plus répandues, la vipère aspic est une espèce rare et protégée. Elle a trouvé refuge sur la crête du Rudemont dans un écosystème adapté aux conditions méditerranéennes. Il faut dire qu’entre le Sud du Pays Messin et le Rupt de Mad, le paysage prend parfois des allures de contrées du Pônant. Ce milieu constitué de pelouses calcaires, de rocailles et de falaises rocheuses convient parfaitement aux reptiles et autres serpents. On y trouve également, en se baissant un peu, du thym et de l’origan. Le tout sur fond de chant de cigales. Cet espace naturel sensible de plus de trente hectares est soigneusement entretenu par un troupeau de moutons qui y vient paître en mars, afin de faire table rase des repousses. Sans cet éco-pâturage, qui n’est que le prolongement d’une tradition pastorale séculaire, la forêt recouvrirait complètement ce milieu.
Un sentier balisé permet de découvrir ces pelouses calcaires qui s’ouvrent sur le Rupt-de-Mad. Des panneaux pédagogiques renseignent sur la faune et la flore locales, dont la fameuse vipère aspic. Celle-ci a énormément souffert au cours des siècles derniers. Considérée comme nuisible, elle était chassée pour être détruite. Pourtant, la vipère aspic se nourrit en très grande majorité de micromammifères qu’elle va chercher avec sa langue. Aujourd’hui, elle craint davantage les hérissons et les sangliers.
En Lorraine, c’est dans les Vosges que l’on observe le plus grand nombre de reptiles du fait de situation plus au Sud de ces montagnes. De manière générale, à chaque fois que l’on remonte de cent kilomètres vers le Nord, on perd une espèce.