Il y a plus de 150 ans, Metz accueillait l’Exposition Universelle. De mai à septembre 1861, la Place Royale, devenue depuis la Place de la République, l’Esplanade et le Quai des Régates connurent l’effervescence dans les pavillons et les espaces consacrés à l’agriculture, à l’industrie, à l’horticulture, aux beaux-arts et à un concours d’orphéon. Le tout sur une superficie totale de 15 000 mètres carrés.
Si Nancy eut son heure de gloire en 1909 avec l’Exposition Internationale de l’Est de la France Metz avait déjà organisé une Exposition Universelle 48 ans plus tôt. 2011 aurait dû marquer les 150 ans de cet événement qui est étrangement passé sous silence. Pourtant, après Londres en 1851, New York en 1853 et Paris en 1855, ce fut bien Metz qui a accueilli en 1861 la quatrième Exposition Universelle de l’histoire. Le choix de la ville lorraine avait été arrêté dès 1857 par le ministre de l’agriculture, du commerce et des travaux publics de l’époque qui voulait alors en faire le siège du concours agricole de l’Est. L’Académie impériale de Metz souhaita faire coïncider ce concours avec une Exposition Universelle de l’industrie et des beaux-arts. L’idée reçut l’agrément de l’Impératrice Eugénie, l’épouse de Napoléon III.
Des travaux considérables furent entrepris par les frères Sylvain et Emile Sture pour le terrassement et la construction des cinq bâtiments qui se présentaient sous forme de grandes galeries. La plus longue, en bas de la Place Royale, était en bois. Elle fut réservée à l’industrie. Deux autres galeries étaient consacrées aux machines, aux beaux-arts et à la musique. Derrière la statue du Maréchal Ney, un jardin présentait les produits de l’horticulture devant une petite galerie abritant des œuvres d’art. Les animaux du concours agricole étaient visibles dans les allées de l’Esplanade et du Jardin Boufflers. L’animation nautique, très en vogue à l’époque, était concentrée au bord du bras mort de la Moselle. La surface totale construite sur la Place Royale et l’Esplanade était de 7 052 mètres carrés.
L’Exposition Universelle de Metz débuta le 20 mai par la section horticulture. Elle se poursuivit le 22 mai par un concours hippique. L’inauguration officielle eut lieu le 26 mai 1861. Les chemins de fer consentirent des réductions pour faire venir les visiteurs comme ils accordaient des tarifs de faveur aux importations de produits étrangers. Le ministre de l’intérieur dispensa même les étrangers de la formalité du passeport. Les grandes fêtes musicales commencèrent à partir du 1er juin. Un concours d’orphéons eut lieu le 2, un festival choral et instrumental le lendemain avec 800 chanteurs. La galerie des beaux-arts fut accessible le 16 juin. On pouvait y admirer 1 127 œuvres de 400 artistes, dont des sculptures de Bartholdi et Carpeaux, des peintures de Courbet, Corot et Delacroix, à côté de figures locales comme Bellevoye, Migette et Laurent-Charles Maréchal, l’un des fondateurs du courant artistique qu’on nomma l’Ecole de Metz, mais aussi de Charles Gallé-Reinemer, Auguste Majorelle et Lucien Wiener, dont les fils créèrent quarante ans plus tard l’Ecole de Nancy.
L’Exposition Universelle présentait également le meilleur de l’industrie du Second Empire. Les 200 000 visiteurs purent ainsi découvrir les stands de 2 310 exposants, dont les fourneaux de cuisine du Messin François Vaillant et les coffres forts Haffner de Sarreguemines, mais aussi un bloc de charbon de dix tonnes rapporté de Carling, un autre de quinze tonnes des houillères de Prusse, du sel de Dieuze, des faïences de Villeroy-et-Boch, des joyaux des cristalleries de Saint-Louis et de Meisenthal, des meubles en bois signés Majorelle, ainsi que d’autres en fer créés par Dominique Pantz.
Pendant quatre mois se succédèrent concerts et régates, courses à voile et à avirons, bals et concours de tir, lancements d’aérostats et de multiples conférences économiques. Le 13 octobre furent distribuées les récompenses. La société des pépiniéristes Simon-Louis frères obtint la médaille de l’Impératrice.
De nos jours, il ne reste plus beaucoup de témoignages encore visibles de l’Exposition Universelle de Metz. Seul le pavillon des Régates Messines et les superbes serres de la section horticulture qui furent démontés et remontées en 1886 dans le Parc Frescatelly devenu depuis Jardin Botanique subsistent de cette époque révolue, où Metz rayonnait dans le monde par son attractivité. Quant aux peintures, une souscription permit d’acquérir la Voie douloureuse dite aussi La Montée au calvaire, un tableau de Delacroix exposé depuis au Musée de la Cour d’Or.