Le gisant de Philippe de Gueldre, l’épouse de René II, celui qui a vaincu Charles le Téméraire, ou le Hardi comme on disait alors, au soir du 5 janvier 1477, se situe dans la chapelle des Cordeliers à Nancy. La sculpture, attribuée à Ligier Richier, nous montre la Duchesse en habit de clarisse. Les mains posées sur la sombre robe de bure. Le visage parcheminé mais serein. A ses pieds se trouve un personnage, de petites dimensions, qui tient entre ses mains la couronne ducale. Renoncement total aux honneurs et à la gloire. Pauvreté ultime.
Seulement voilà. En voyant la couronne ducale, je me suis posé une question. Quid des objets du sacre ? Des regalia, comme on dit dans le jargon. Que sont devenus le sceptre, dont on sait qu’il était surmonté d’un Alérion, la couronne, l’épée et le manteau brodé d’Alérions et de Croix de Lorraine que le Duc Léopold arbore sur un célèbre tableau ? Si l’épée ducale a bien été retrouvée il y a quelques temps dans les collections du château d’Haroué, le reste des regalia questionne. Les objets ont-ils été emmenés en Toscane, puis à Vienne, suivant ainsi la destinée exceptionnelle du dernier duc héréditaire, ce François III qui devait épouser Marie-Thérèse de Habsbourg pour donner naissance à la dynastie, toujours existante, des Habsbourg-Lorraine ? C’est l’hypothèse la plus probable.
Mais je vous avoue que, malgré tout, j’aimerais bien savoir ce qu’il est advenu de ces symboles du pouvoir. De cette couronne que nos Ducs ont ceinte. Eux qui, huit siècles durant, ont régné sur un petit pays aussi prospère qu’âprement disputé.