Né vers 582 à Lay-Saint-Christophe, près de Nancy, élu à l’âge de 32 ans Evêque de Metz et mort en 640 sur les hauteurs de Remiremont, Saint Arnoul est peut-être le plus lorrain des saints lorrains. Sa vie est une succession de miracles et de renoncements.
Issu d’une grande famille apparentée aux rois mérovingiens, Arnoul vit donc le jour dans une petite bourgade de la région de Nancy. Très tôt, il épouse Doda, la fille du Comte de Boulogne, de laquelle il a deux fils, prénommés Cloud et Anségisel. Ce dernier, en épousant une fille de Pépin de Landen, sera d’ailleurs l’un des lointains ancêtres de Charlemagne. Administrateur apprécié des rois mérovingiens, il est appelé en 614, à prendre la succession de Saint Pappole, Evêque de Metz, décédé trois ans plus tôt. Et comme un évêque ne peut être marié, il envoie sa femme Doda finir ses jours dans un couvent de Trèves.
C’est peut-être ce geste qui poussa Saint Arnoul à questionner le Seigneur sur sa pureté. D’après une légende attestée depuis le Moyen-âge, le pieux évêque de Metz aurait lancé son anneau épiscopal dans la Moselle, en se disant que s’il le retrouvait un jour, il saurait que Dieu lui aurait pardonné ses fautes. Quelques jours plus tard, Arnoul retrouve la bague dans un magnifique poisson que l’on venait de lui servir. Un miracle diront les uns. Une fable, pour les autres. Toujours est-il que la cathédrale de Metz conserve toujours une bague sur le chaton de laquelle on peut voir deux poissons et qui reste présentée, aujourd’hui encore, comme l’anneau de Saint Arnoul.
Peu à peu fatigué par son métier d’évêque, Arnoul décide de se retirer, en 629, auprès de son ami Romaric qui venait de fonder un monastère dans la solitude des montagnes vosgiennes. C’est là, sur le Romarici montem, qui par la suite, allait donner naissance à la ville de Remiremont, que mourut Saint Arnoul, le 16 août 640. Sa dépouille fut rapportée à Metz l’année suivante. On raconte qu’à l’occasion de son dernier voyage, Arnoul fit un ultime miracle en procurant de la bière à ceux qui, assoiffés, portaient en plein cagnard le cercueil de l’ancien évêque.
Pour cette raison, Saint Arnoul est devenu le patron des brasseurs. Inutile de dire qu’il fut particulièrement honoré en Lorraine car la région a vu s’épanouir, au siècle dernier, une industrie brassicole d’une exceptionnelle vitalité. De Stenay à Saint-Nicolas-de-Port, en passant par Jarny, Metz, Tantonville et Champigneulles, les fabriques de bière ont été, et continuent d’être, souvent, de véritables fleurons de la gastronomie lorraine.
La meilleure façon de rendre hommage à Saint Arnoul, c’est peut-être encore de vider une bonne mousse, chaque 18 juillet, à l’ombre de la cathédrale de Metz. Mais avec modération, bien sûr !