D comme Dilectis, qui signifie « doux » ou « agréable » en latin. Extraite d’une charte conservée aux Archives départementales de la Moselle, la lettrine ci-dessous a été peinte sur un parchemin. Elle semble nous inviter dans l’intimité des peintres enlumineurs de la fin du Moyen-âge. Sur un fond rouge cinabre se détache la lettre D, dorée à la feuille et légèrement brunie. Dans ce qu’on appelle la panse de la lettre, le peintre a représenté une fleur. Mais pas n’importe laquelle ! Une pensée, comme pour nous dire, peut-être, qu’il pense à nous. Ou qu’il est nécessaire de penser et de méditer sur le texte qui suit.
Un texte encadré par une frise elle-même ornée de végétaux. Des feuilles d’acanthe. Diapré vert-pâle qui pourrait presque nous annoncer le retour du printemps. Un liseré brunâtre, purement décoratif, vient compléter le tout.
Qui dira seulement la patience de ces copistes, de ces peintres, de ces rubricaires, ainsi nommés parce qu’ils écrivaient les titres à l’encre rouge, donnant ainsi le mot rubriques, de ces enlumineurs et autres miniaturistes qui passaient des heures entières sur une lettrine, sur une frise ou sur un texte, patiemment recopié à la plume d’oie. Leur travail force notre admiration. Peut-être parce que, depuis, notre rapport au temps et à l’écrit, a quelque peu changé.
Cela me fait songer, en définitive, à cette phrase, inscrite sur un cadran solaire, Rue de la Chèvre, à Metz : « Passant, prends le temps, sinon, il te prend ».
Alors oui, prenons le temps. Consentons même à perdre un peu, parfois, de notre temps. Cueillons l’instant ! Carpe diem, disaient les Latins.
Et merci en tout cas à celles et à ceux qui auront pris le temps de lire cette petite chronique !