Peint en 1888 par l’artiste nancéien Emile Friant, ce tableau, aujourd’hui exposé au Musée des Beaux-arts de Nancy nous est de circonstance. Il s’intitule La Toussaint. Et il nous montre, avec un réalisme saisissant, ce que pouvait être le début du mois de novembre, en Lorraine, durant la Belle Epoque.
Nous sommes ici à l’entrée du cimetière de Préville. Un mendiant, les mains enrobées dans de vieilles moufles et les jambes enfouies sous une couverture élimée, espère, le regard vide, qu’on vienne lui faire l’aumône. Sur la droite de la scène, une famille bourgeoise, toute de noir vêtu, s’avance lentement. Chapeau haut-de-forme et opulents bouquets de chrysanthèmes ajoutent encore à la solennité de l’instant. Le personnage de droite est carrément coupé. Il est hors cadre. Comme si le tableau n’était plus une peinture, mais une photographie.
La fillette s’avance, encouragée par sa mère et une dame qui peut être sa tante. Elle tend l’obole. Action de charité. Qui nous invite à notre tour, à dispenser, aujourd’hui comme demain, un peu de pain et de chaleur, un bon sourire, un mot gentil, à ceux qu’on croise dans nos vies.