A livres ouverts. Imprimé à Paris, en 1825, le Résumé de l’Histoire de Lorraine est l’œuvre de Henri Etienne, historien qui voulait « donner aux habitants de Lorraine un ouvrage plus commode que la monumentale Histoire de la province que fit le bénédictin Dom Augustin Calmet ».
Le livre évoque les grandes heures de l’histoire de notre province, depuis les Celtes jusqu’à la Restauration. On ne parle pas encore de chemin de fer et des mines de charbon du Warndt. Mais l’auteur loue la charrue de Matthieu de Dombasle et l’ambiance qui règne alors dans nos petites villes de garnison.
A la fin du livre, Henri Etienne nous livre une réflexion sur le caractère et les mœurs des Lorrains. Réflexion que je ne résiste pas de vous partager ici. Il note en effet que : « le caractère des habitants de cette contrée tient de la vivacité française et du flegme allemand. Un très vieux proverbe a dit : Lorrain, vilain, traître à Dieu et à son prochain. Ces reproches peuvent-ils avoir quelques fondements ? La Lorraine a toujours conservé sa religion intacte. Si leurs ennemis ont pu les accuser d’une sordide économie, c’est lorsque les malheurs de leur position et le poids de la misère et de l’oppression leur imposaient par force les plus grandes privations ; mais dans aucun pays l’hospitalité n’est mieux exercée envers les étrangers, et les cœurs n’offrent plus de franchise. Doués d’une constance rare, pleins de douceur et de probité, les ouvriers lorrains se font partout distinguer par des qualités précieuses, soit sur leur sol même, soit dans les pays qu’ils parcourent en troupes ».
La suite du texte n’est pas moins savoureuse. Mais cet extrait, pour bref qu’il soit, nous interroge. Existe-t-il, comme le sous-entend Henri Etienne, un caractère propre aux gens de Lorraine ? On a coutume, souvent, dans les conversations, de dire que les Lorrains sont comme-ci, que les Alsaciens sont comme ça, que les Méridionaux sont un peu ceci et que les Ch’ti sont un peu comme ça. Dans son Essai sur le caractère et le génie lorrain, Monseigneur Aimond démontrait, non sans un brin de chauvinisme, tout ce que la Lorraine a apporté à la France.
J’avoue que, pour ma part, je reste convaincu que nous autres Lorrains sommes un peu comme notre climat. Des semi-continentaux. Ou des océaniques dégradés. Ni tout-à-fait français. Ni vraiment allemands. Nous sommes d’un entre-deux. Nous avons grandi dans la culture du compromis. Mais en aucun cas de la compromission ! Eh oui ! Nous sommes Lorrains. Et fiers de l’être !