Illustrant le début d’un texte imprimé dans le premier quart du XVIème siècle, la lettrine présentée ci-dessous (un R majuscule) a été enluminée d’une manière aussi sobre qu’efficace.
Au cœur de l’initiale en effet, entre le jambage et la panse du R figure un écu, que l’on peut blasonner ainsi : d’azur à la croix d’argent cantonnée de quatre dés d’argent portant le chiffre un de sable.
Il s’agit là des armes de Hugues des Hazards, Evêque de Toul de 1506 à 1517. Hugues des Hazards … Que voilà un personnage qui n’a justement pas choisi son blason, au hasard ! Ce sont là des armes parlantes. Un blason qui établit un lien entre l’objet représenté et le nom de son propriétaire. Le dé étant en effet un jeu de hasard, il est normal et presque logique que l’évêque Hugues des Hazards ait choisi d’en mettre sur son blason. Un blason où se remarque aussi une croix car oui, il s’agit quand-même d’un évêque. Un évêque dont la crosse figure d’ailleurs en arrière-plan, la volute tournée vers la marge du document, c’est-à-dire vers l’extérieur. Un détail, me direz-vous, et pourtant, les abbés, qui eux sont enfermés dans leurs monastères, sont, à l’inverse, représentés avec des crosses tournées vers eux-mêmes, ou vers l’intérieur d’un document.