On a tous, au fond de sa mémoire, un arbre auquel on tient. Un chêne, un peuplier, un if, un hêtre, un charme, un sapin. Un arbre quoi. Il est là, planté au fond de nos cœurs et ses racines plongent dans le terreau de nos souvenirs. L’image de ses branches suffit à nous bercer d’une tendre nostalgie. On songe à quelques fruits, à quelques cabanes perchées. On revoit une balançoire ou un déjeuner sur l’herbe, à l’ombre de cet arbre.
A vrai dire, plusieurs arbres poussent, souvent, au fond de nos cœurs. Pour ma part, il y a d’abord le mirabellier qui tordait sa silhouette capricieuse au fond du jardin des grands-parents. Bienheureux arbre, que la tempête de 1999 a malheureusement malmené ! Il ne donne plus, depuis, que quelques chiquettes un peu aigres. Mais on le laisse, tout seul, au fond du verger. D’où il est, il contemple le long ruban bleuté des Côtes de Meuse.
Il y a aussi ce chêne, en Forêt de Saint-Hubert. Monstre ligneux dont le sommet dépasse toute la canopée. C’est un arbre remarquable, classé comme tel et qui me tire, à chaque fois que je vais traîner mes guêtres du côté de l’ancienne Abbaye de Villers-Bettnach, un petit cri d’admiration.
Il y a aussi le noisetier sous lequel j’ai reçu mon premier baiser. Et ce saule, à l’ombre duquel j’avais construit une bien jolie cabane. Il y a ce tilleul aussi, dont une feuille s’est posée entre mes deux épaules.
Les Celtes accordaient des pouvoirs magiques aux arbres de nos forêts. Ils en faisaient des totems, des talismans, des ponts, entre la terre et le ciel. Leurs croyances et leurs mythes sont séduisants. Peut-être bien que je suis celte, alors. Et que vous aussi, vous l’êtes plus ou moins. Car je suis certain que vous avez, au fond de vos cœurs, quelques arbres où pendent les fruits du bonheur.