Au sommet de la Colline de Sion, entre la blanche basilique et les ruines de la forteresse de Vaudémont, le monument Barrès semble veiller sur la Lorraine. Sur cette « terre la plus usée de France », pour reprendre l’expression de l’Académicien.
Construit dans les années 1920, ce monument s’inspire des lanternes des morts que l’on rencontre assez souvent dans l’Ouest de la France, en Aquitaine et dans le Poitou. Son socle est gravé de quelques phrases de l’auteur, un peu grandiloquentes certes, mais qui traduisent avec justesse la pensée de l’écrivain. Car Maurice Barrès, c’est d’abord et avant tout les romans du Culte du Moi, ces pages autobiographiques où la Lorraine s’infuse, déjà, dans son esprit solitaire et quelque peu mélancolique. Barrès, c’est aussi Colette Baudoche, l’histoire d’une jeune fille de Metz qui se refuse à Frédéric Asmus, le professeur venu de la trop germanique Koenigsberg. Barrès, c’est également l’auteur de la Colline inspirée, ce roman comme suspendu entre ciel et terre et qui évoque la tourmente spirituelle des frères Baillard. Un roman qui prend Sion pour cadre principal et qui s’ouvre sur cette phrase, célèbre : « Il est des lieux où souffle l’esprit. »
Certes, Barrès fut aussi homme politique. Et certes, il a choisi le mauvais camp lors de la terrible affaire Dreyfus. Mais doit-on séparer l’œuvre de l’artiste ? Le débat est entier, et reste d’actualité. Barrès, une plume amoureuse de sa terre. Et dont il faut relire quelques pages, de temps en temps, au sommet de la Colline de Sion ou dans le confort d’un salon messin.