Thomas RIBOULET
A l’occasion du cinquantième anniversaire de sa mise en service, le Plan incliné de Saint-Louis-Arzviller, dans le Pays de Sarrebourg, a été labellisé « Patrimoine du XXème siècle ». Cette distinction officielle constitue une véritable reconnaissance architecturale. Il faut dire que cette infrastructure colossale est unique en Europe.
Mis en eau en 1969, ce chef d’œuvre d’ingénierie permet de remplacer 17 écluses et d’économiser 18 heures de trajet. Grâce à lui, les bateaux, de plaisance ou péniches de marchandises, relient l’amont et l’aval de la Vallée de la Zorn en seulement quatre minutes. L’ouvrage a fait l’objet d’un concours international d’architectes en 1962. Trois ans d’études géologiques et techniques ont été nécessaires avant de lancer des travaux titanesques qui ont mobilisé 700 ouvriers. L’ascenseur à bateaux est construit en trois ans à peine sur une pente à 41 %. Son système d’élévation repose sur le principe d’Archimède. Des contrepoids font monter ou descendre un bac de près de 900 tonnes.
Véritable prouesse architecturale et technique, le Plan incliné de Saint-Louis-Arzviller fascine toujours autant ses utilisateurs et ses visiteurs cinquante ans après sa mise en service.
Le Plan incliné de Saint-Louis-Arzviller bénéficie depuis peu d’une nouvelle muséographie dans sa salle des machines. Celle-ci s’inscrit dans la continuité des travaux précédents réalisés en 2019 à l’occasion du cinquantième anniversaire du site qui est unique au monde. Afin de réponde aux interrogations des 70 000 visiteurs par an, la nouvelle muséographie s’articule autour de trois thèmes, à savoir des métiers et des hommes, le fonctionnement mécanique et électrique de l’ouvrage et la gestion de l’eau. L’ensemble de ces sujets est abordé sur des panneaux pédagogiques à grand renfort de projections vidéo et sonores. Cette nouvelle muséographie a représenté un investissement de près de 80 000 euros.
Non loin de là, la première phase des travaux de rénovation de la péniche-musée Sophie-Marie s’est elle-aussi dernièrement achevée. Arrivée sur le Plan incliné en 1978, cette péniche Freycinet de 1912 a ainsi vu sa peinture entièrement refaite après un investissement de 50 000 euros. Elle constitue un précieux témoignage de l’intense activité économique et commerciale de l’époque et montre aux visiteurs pour quel type de bateau ont été construits le Canal de la Marne au Rhin et le Plan incliné. Rappelons qu’en se substituant au passage de 17 écluses, le Plan incliné de Saint-Louis-Arzviller a considérablement réduit le temps de trajet des bateaux pour franchir les Vosges mosellanes, d’une journée à une heure. A l’intérieur de la péniche-musée Sophie-Marie, qui mesure 38,5 mètres de long pour 5,05 de large, il est possible de découvrir le logement du batelier, une locomotive de traction, ainsi que différents outils et machines de navigation qui étaient autrefois utilisés.
Un vaste chantier a été réalisé en amont du Plan incliné de Saint-Louis-Arzviller entre novembre 2022 et mars 2023, afin d’éviter le scénario qui avait durement impacté l’ouvrage et la vallée à la suite de l’accident d’un bateau en juillet 2013. Une porte de sécurité avec une vanne de sectionnement qui coupe l’eau du Canal de la Marne au Rhin en cas d’avarie a ainsi été installée à l’endroit où le canal rejoint le plan d’eau en haut de l’ascenseur à bateaux. Dans le cas où un incident devait intervenir sur le Plan incliné, seuls 10 000 mètres cubes d’eau pourrait s’échapper dans la vallée contre 200 000 mètres cubes qui sont compris entre l’ouvrage et l’écluse d’Arzviller. La vallée située en contrebas ne serait donc pas submergée. A noter enfin que la mise en place de ce dispositif a représenté un investissement de 1,8 millions d’euros.