Une association locale encourage les jeunes des territoires en difficultés à postuler aux grandes écoles d’ingénieurs et de commerce. Dans un souci d’égalité des chances, l’idée est de promouvoir les études supérieures, de les accompagner dans cette démarche et de leur montrer que rien n’est impossible. Rencontre et échanges avec Houssem Sahraoui à l’origine de cette initiative en Moselle.
C’est à Sciences Po Paris, où il suit un Mastère Stratégie territoriale et urbaine, que Houssem Sahraoui a été séduit par le projet lancé par des étudiants basques du prestigieux établissement. « Du Pays Basque aux Grandes Ecoles », tel est le nom de l’association qu’ils ont fondé. « Tout est parti de là », raconte Houssem, actuellement en stage à Metz à la Fondation Abbé Pierre dans le cadre d’une mission concernant la politique du logement et de l’habitat. « Ils ont réussi à se structurer pour contacter des grandes écoles et signer des conventions avec plusieurs lycées du Pays Basque pour inciter les élèves à postuler aux établissements partenaires », poursuit-il. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que ça marche. Modèle du genre, l’initiative basque a en effet été reprise au niveau national pour créer un maillage. Elle a depuis essaimé des petits à travers le réseau de Sciences Po. Les étudiants lorrains se sont donc mobilisés. Avec d’autres camarades, Houssem Sahraoui a créé l’association de Code Civil local « De la Moselle aux Grandes Ecoles ». Les statuts ont été déposés en septembre 2017. « J’essaye humblement de me servir de mon parcours et de mon expérience pour monter la même chose ici », précise Houssem, qui est devenu Président de la petite sœur mosellane du projet. Celui qui est parti du Lycée Saint-Exupéry de Fameck a été aidé dans cette démarche par Léo Clavurier, étudiant sur le campus franco-allemand de Sciences Po à Nancy, qui entend d’ailleurs dupliquer la démarche en Meurthe-et-Moselle. Une section commune entre Moselle et Meurthe-et-Moselle pourrait même voir le jour dans le Pays-Haut.
En attendant, Houssem reçoit de nombreux soutiens et encouragements. « Les retours sont positifs », assure-t-il. « Nous avons d’abord commencé par la Vallée de la Fensch, avant d’aller à la rencontre des élèves et des chefs d’établissement dans des territoires plus ruraux mais tout autant délaissés comme le Pays de Sarrebourg ou le Pays du Saulnois. J’ai été agréablement surpris par l’enthousiasme et la confiance qui nous a été accordée », détaille le président de l’association « De la Moselle aux Grandes Ecoles ». Ses camarades et lui sont ainsi intervenus à plusieurs reprises dans des lycées de la région pour la promouvoir et valoriser des initiatives locales, comme par exemple des projets d’entrepreneuriat. Des visites d’entreprises sont également organisées. Des étudiants et des élèves ont dans ce cadre découvert fin 2018 la société d’insertion Valo’ à Florange. « Il faut arrêter de se dévaloriser et de dévaloriser la Lorraine. Il est important pour moi que chacun se rende compte du potentiel de notre territoire. Après mes études à Sciences Po, je compte revenir dans la région pour y travailler et lui redonner ce qu’elle m’a donné. J’aimerai bien que d’autres étudiants fassent comme moi », affirme Houssem. A noter enfin que son association a pour projet de mettre en place un système de bourse calqué sur le modèle de celui initié au Pays Basque avec le soutien d’entreprises présentes sur le territoire et d’anciens boursiers. « A travers ce cercle vertueux, nous cherchons à lever l’obstacle financier qui empêche encore de nombreux jeunes issus de secteurs défavorisés à s’engager dans des études », conclut-il.