De Marinette Pichon, les passionnés de foot se souviennent surtout de ses qualités techniques et de son palmarès. Ils connaissent moins son parcours de femme qu’elle raconte dans sa biographie, Ne jamais rien lâcher, qu’elle présente à Boulay le dimanche 24 juin à l’occasion du neuvième salon du livre.
Son caractère et le sport ont été sa planche de salut. Marinette Pichon livre en 288 pages un témoignage passionnant sur son parcours de footballeuse hors norme mais surtout de femme. Sauvée d’une enfance massacrée par un père violent grâce au foot, elle a sa première licence à cinq ans à Brienne-le-Château. A seize ans, ce sera Saint-Memmie puis une première licence pro à Philadelphie aux Etats-Unis en 2002 et Juvisy à son retour en France en 2004. Retraitée des terrains à 34 ans en 2007, devenue consultante à France Télévisions en 2011, Marinette a porté le maillot de l’équipe de France pendant treize ans : le numéro 9 aux 112 sélections et 81 buts marqués. Records à battre.
BLE Lorraine : Votre reconversion hors du foot a-t-elle été facile ?
Marinette Pichon : « Je l’avais anticipée : elle était simple dans l’architecture de mon projet au Conseil Départemental de l’Essonne mais compliquée de passer d’une activité extrêmement soutenue à une forme de sédentarité. Je suis retournée sur les bancs de l’école à quarante ans. Focalisée sur le foot et rien d’autre, je l’avais quittée en seconde. J’aurais dû faire preuve de plus de jugeote et de maturité. »
BLE Lorraine : Comme Corinne Diacre, pourquoi n’êtes-vous pas devenue entraîneur ?
MP : « Le diplôme ne m’attire pas. J’aime le contact, gérer, organiser. Cette dualité, côtés sportif et administratif. Ce mélange, terrain, déplacement, encadrement. J’ai créé « Football Académie », dont la première session aura lieu en juillet à Romans-sur-Isère. Il s’agit d’un concept unique en France avec des filles de neuf à dix-sept ans ayant envie de découvrir l’élite et le haut niveau et encadrées par d’anciennes internationales. Je veux rendre ce que le foot m’a donné. Je suis aussi l’ambassadrice de la marque Kipsta pour développer une gamme de produits adaptés aux sportives pratiquantes. J’ai la chance de faire ce que j’aime au quotidien. ».
BLE Lorraine : Etes-vous consciente d’avoir marqué l’histoire du football ?
MP : « Avant, pas forcément, maintenant un peu plus. C’est une fierté mais je ne m’en rendais pas forcément compte. Le football a été une bouffée d’oxygène qui m’a permis de sortir d’un contexte compliqué. Sans lui, je serais devenue une délinquante. Cette petite notoriété a des avantages mais aussi des inconvénients. Je suis quelqu’un d’atypique, d’entier, une teigne comme joueuse. Je suis une femme de conviction et j’essaie d’aligner ma tête, mon cœur et mes pensées. »
BLE Lorraine : Depuis la sortie de votre biographie début avril, quelles ont été les réactions ?
MP : « Plutôt positives mais aussi de l’incompréhension. On me voit différemment. Ecrire ce livre m’a fait du bien. J’avais plein de messages à faire passer sur l’homosexualité, l’intégration dans le foot, le handicap. Je suis devenue une femme accomplie à l’âme de militante. »