La Ferme de Champenois à Amanvillers, près de Metz, couvre 600 hectares de cultures céréalières (blé, colza et maïs) et de Cultures Intermédiaires à Vocation Energétiques (CIVE). Composées d’avoine, de pois et de sorgho, ces dernières constituent de véritables pièges à nitrates. Elles facilitent également la couverture des sols. L’association de ces CIVES et du maïs permet par ailleurs aux exploitants de la ferme, qui avaient des difficultés de désherbage en raison d’une rotation trop courte des cultures de blé, d’orge et de colza, de traiter les mauvaises herbes sans avoir recours à des produits chimiques.
L’exploitation agricole s’est engagée dans la voie de la diversification avec tout d’abord l’installation sur ses toits de 2 800 mètres carrés de panneaux photovoltaïques en 2010. Elle s’est ensuite dotée en 2014 d’une unité de méthanisation qui produit treize millions de kilowatts par an et alimente en électricité près de 5 000 foyers des environs. L’opération, qui a représenté un investissement total de 4,3 millions d’euros, a créé quatre emplois. L’équilibre financier est aujourd’hui atteint.
Afin d’alimenter son unité de méthanisation, la Ferme de Champenois achète du fumier bovins et équins à une dizaine d’éleveurs partenaires, tous situés dans un rayon de dix kilomètres. Les effluents d’élevage ne sont ainsi plus répandus dans les champs. Mieux que cela, la centrale valorise également les déchets agricoles. La matière qu’elle absorbe est en effet composée de 60 % de fumier, de 25 % de CIVE et de 15 % de poussières de céréales provenant des ports céréaliers de Metz et de Châlons-en-Champagne. Environ 150 jours sont nécessaires pour que la substance se transforme en gaz puis en électricité. Après un passage dans le digesteur de 2 800 mètres cubes, le post-digesteur et la cuve de stockage, le biogaz désulfuré obtenu est transformé par un moteur en électricité. Vendue à EDF (Electricité de France), celle-ci est envoyée par voie souterraine sur la ligne 20 000 volts qui relie Amanvillers à Chambley.
A la fin du processus, un système permet d’isoler le digestat, résidu liquide et parfois solide qui résulte de la méthanisation. Le composé est soit épandu sur les terres de l’exploitation, soit échangé contre du fumier. Au final, la Ferme du Champenois n’utilise plus aucun engrais chimique. Un cercle vertueux à la fois économique et environnemental !