Avec l’été qui revient, je ne résiste pas à l’envie de vous faire partager cette anecdote, parfaitement authentique et qui, espérons-le, chassera enfin les lourds nuages qui survolent depuis trop longtemps nos jolies collines. L’histoire, citée dans l’ouvrage de J. Lanher intitulé Expressions et histoires à rire de Lorraine (Bonneton, 2000) est peut-être déjà connue de certains d’entre vous. Mais elle est si piquante qu’elle mérite de l’être de tous les Lorrains !
Cela s’est passé il y a cinquante ans environ. Peut-être un peu plus. Le temps passe si vite me direz-vous. Et puis qu’importe ! C’était l’été, voilà tout. On devait être en juin. Les vêpres venaient de sonner. C’était le jour de la communion solennelle. Les parents, les parrains, les marraines, les cousins et tout le village étaient tassés dedans l’église. La cérémonie était interminable. Il faisait une chaleur à crever et tout le monde avait terriblement soif. Dans l’assemblée, plusieurs visages deviennent écarlates. Mais le curé doit encore faire son sermon. Pourvu qu’il soit court ! Le prêtre monte en chaire. Lui aussi a chaud. Lui aussi n’en peut plus ! Va-t-il la jouer courte ? Il commence : « Mes bien chers frères, il fait chaud … Dieu qu’il fait chaud … » Il s’éponge le visage et poursuit son sermon : « Mais c’est qu’il fait vraiment chaud ! Et bien dites-vous, mes biens chers frères, qu’il fait encore plus chaud en enfer ! Faites tout ce qu’il faut pour ne jamais y aller ! Amen ».
Le sermon était dit ! Le reste de la messe fut expédiée. Et les paroissiens de ce petit village de Meuse ont toujours eu, depuis, une sacrosainte peur de l’enfer. Aussi, redoutent-ils les canicules et les bonnes chaurées qui leur font avoir la royotte comme une chanlatte. Car si l’enfer est pire que l’été lorrain, c’est dire qu’il peut y faire très, très chaud !