L’Etat français, la Région, le Département de la Moselle et la Ville de Metz se sont enfin entendus pour sauvegarder et rénover la Casemate A du Fort de Queuleu. Un protocole d’accord portant sur un montant de 1,027 millions d’euros de travaux a en effet été dernièrement signé à Metz. Il était attendu depuis plus de quarante ans !
L’enveloppe permettra de financer une série d’études historiques, architecturales et scientifiques. Une réflexion sera également menée sur la scénographie, la sécurité incendie et l’accessibilité du site. L’électricité de la casemate sera de même mise aux normes, les fenêtres seront restaurées et les puits de lumière seront rendus étanches. A noter cela dit que la majeure partie de l’investissement devrait concerner le passage éboulé entre le pavillon d’accueil et la Casemate A.
Le chantier, d’une durée de trois ans, devrait pérenniser la mémoire des 1 800 déportés du SS Sonderlager. Il était plus que temps et nécessaire tant le Fort, qui pourrait être classé Monument Historique dans son intégralité, est la proie depuis de nombreuses années du vandalisme, des infiltrations et des dégradations.
Le Fort de Queuleu de Metz a dernièrement reçu le label « Patrimoine européen ». Au-delà de la Casemate A qui a servi de camp spécial pour la SS, il a également constitué une annexe du camp de concentration de Natzweiler-Struthof, dont le périmètre s’étendait jusqu’à la Lorraine, le Luxembourg et le Bade-Wurtemberg.
Le lieu de mémoire messin rejoint ainsi la Maison de Robert Schuman à Scy-Chazelles. Il est le seul à être associé à ce réseau en France avec le camp d’Urbès dans le Haut-Rhin. Ce label européen doit permettre de faire davantage connaitre le site et d’intégrer cet autre pan de son histoire. Rappelons en effet qu’une centaine d’hommes, majoritairement des Allemands et des Polonais, y furent internés entre août 1943 et septembre 1944. Ils étaient employés dans des casernes, à l’Aéroport de Frescaty ou encore dans les cuisines d’un hôtel messin.
L’association du Fort de Queuleu a trouvé un procédé économique pour assurer l’entretien écologique des terrains autour de la Casemate A. Des travaux de nettoyage et d’assainissement ont été entrepris pour sauvegarder les bâtiments et éviter les risques d’éboulements. L’arasement des arbres a eu lieu au printemps, avant la période de nidification. Mais les broussailles et les mauvaises herbes ont rapidement repris le dessus. Afin de garder l’espace dégagé sans intervention de main-d’œuvre humaine, un partenariat a été trouvé avec un éleveur de moutons de la région messine. Une dizaine de moutons de Soay ont donc élu domicile dans un petit fortin de 1889 à l’arrière de la casemate. Les terrains ont été clôturés pour empêcher les moutons de divaguer sur tout le site. Il s’agit ici d’une race primitive de mouton, établie à l’état sauvage depuis des millénaires sur la minuscule île de Soay, située dans l’archipel de Saint-Kilda, en Ecosse. De petite morphologie, ils ressemblent à des chamois. Au Fort de Queuleu, le chef du troupeau est reconnaissable à la cloche accrochée à son cou. Les moutons de Soay se déplacent souvent en groupe et escaladent allègrement les monticules pour aller brouter. L’association du fort est à présent en train d’installer des ruches.