Un rapport de 70 pages commandé par le groupe Les Verts (Die Grünen) au parlement allemand et rédigé par le professeur Manfred Mertins, expert en ingénierie nucléaire, critique ouvertement la Centrale nucléaire de Cattenom en y pointant toute une liste de défauts de sécurité. Selon M. Mertins, si les normes allemandes étaient appliquées à Cattenom, la centrale devrait être fermée immédiatement. Quelques jours auparavant, le directeur de la centrale avait présenté les travaux de grand carénage pour poursuivre l’exploitation du site jusqu’en 2046.
De son côté, M. Mertins évoque des manquements importants par rapport aux normes internationales et des mesures de sécurité insuffisantes en cas d’incident. Aucune disposition particulière n’aurait ainsi été adoptée suite à la catastrophe nucléaire de Fukushima, au Japon. Par ailleurs, en cas de fusion du cœur de la centrale, la nature même des installations, qui remontent aux années 1970, ne permettrait pas aux opérateurs de diminuer la pression dans le circuit primaire en toute sécurité. Le site ne serait également pas assez protégé contre des attaques extérieures et des phénomènes naturels comme un tremblement de terre ou des inondations.
Partant de ce constat, plusieurs politiques allemands demandent la fermeture sans délai de la Centrale nucléaire de Cattenom. Des responsables luxembourgeois s’inquiètent quant à eux des finances d’EDF et d’Areva et craignent que faute d’argent des investissements pour renforcer la sécurité des installations ne soient pas entrepris. Les ministères de la santé et du développement durable du Grand-duché enjoignent les autorités françaises à appliquer à la lettre la nouvelle directive 2014/87/Euratom tout en sollicitant parallèlement l’avis de la Commission européenne sur le dossier.
Les critiques formulées dans le rapport Mertins ne sont pas sans rappeler celles qui avaient déjà été émises après le stress test réalisé en 2012 en collaboration avec le Luxembourg et les Länders de Rhénanie-Palatinat et de Sarre. Le directeur de la Centrale de Cattenom a enfin rappelé que les 37 incidents répertoriés l’année dernière sur le site avaient été déclarés insignifiants. Selon l’Autorité de Sécurité Nucléaire (ASN), qui se rend en moyenne toutes les deux semaines à Cattenom, la centrale ne présenterait pas de problème particulier.