Après presque de deux ans de travaux, la Porte Saint-Nicolas, qui donne sur la Place des Vosges à Nancy, a été complètement restaurée. Le résultat est magnifique.
Débuté en août 2018, le chantier de rénovation, mené par la Ville de Nancy, a consisté à ravaler les façades de cet édifice construit au XVIIème siècle, en reprenant notamment les sculptures et les maçonneries, ainsi qu’à le mettre en lumière. Si ces opérations se sont achevées en décembre dernier, les aménagements se sont poursuivis autour du monument, afin de créer une nouvelle entrée de ville. Un pavage au sol a été installé et les stationnements ont été supprimés à l’intérieur de la porte pour aménager une grande terrasse destinée à la future brasserie de cent couverts qui ouvrira Rue des Fabriques en lieu et place de l’ancien commissariat. Baptisée Le Chardon, celle-ci proposera une restauration traditionnelle midi et soir. Sa fameuse terrasse s’ouvrira sur une placette arborée dans le prolongement de la Place des Vosges. Les arcades de la Rue de Saint-Dizier ont de leur côté été fermées par des treillages en bois pour être végétalisées. Une tonnelle sera également installée pour soutenir la végétalisation grimpante grâce à un système de câbles horizontaux.
Rappelons que la Porte Saint-Nicolas, dédiée au Saint Patron de la Lorraine, jouait un rôle symbolique très important pour le pouvoir ducal. C’est en effet par cette porte érigée de 1603 à 1608 que les Ducs de Lorraine faisaient leur entrer solennelle à Nancy à leur avènement avant de prêter serment de maintenir les privilèges et les droits de leurs sujets. Stratégiquement située à l’extrémité de la Rue de Saint-Dizier sur la route qui mène à Saint-Nicolas-de-Port, elle remplaça donc la Porte de la Craffe dans cette manifestation du pouvoir ducal. La Porte Saint-Nicolas vit ainsi passer Henri II en 1619, Charles IV en 1626 et en 1663, Léopold en 1698, François III en 1730, Stanislas en 1770 et même l’Empereur Joseph II et Marie-Antoinette en 1773.
Le monument était initialement percé d’une seule ouverture centrale côté campagne et de deux ouvertures plus petites pour les piétons. Son fronton était décoré des armoiries des Ducs de Lorraine, avant d’être martelé lors de la révolution française. Ce n’est qu’au XIXème siècle que l’ouverture centrale fut divisée en deux arches plus réduites. Côté ville, seule la baie centrale était au départ ouverte. Les deux autres ne furent percées qu’en 1865 pour améliorer la circulation. Ces aménagements ont entraîné la suppression de la voûte, si bien que l’intérieur de la porte est de nos jours à ciel ouvert.
A noter enfin pour l’anecdote que la Porte Saint-Nicolas a abrité au milieu du XIXème siècle le premier grand magasin de la cité ducale. Il s’agissait du Bazar Saint-Nicolas, né de l’imagination d’Antoine Corbin, le père de Jean-Baptiste Eugène. Le célèbre homme d’affaires lorrain révolutionna le commerce local en affichant sur la devanture de son enseigne « entrée libre » et « prix fixes ». Le succès fut tel que la famille déménagea le Bazar à la fin du XIXème siècle pour créer les fameux Magasins Réunis.