Dans son avis définitif, l’Autorité de Sûreté Nucléaire (ASN) a dernièrement émis une « réserve » sur le projet d’enfouissement des déchets radioactifs à Bure, en Meuse, tout en exigeant des précisions sur différents aspects. Celle-ci concerne notamment la question des déchets bituminés qui représente environ 18 % de la totalité des déchets radioactifs appelés à être enterrés à 500 mètres de profondeur en Lorraine pour des millions d’années. L’ASN confirme ainsi ses premières réserves techniques concernant le risque d’incendie évident des colis de déchets bituminés, particulièrement sensibles.
Ce problème avait déjà été soulevé par l’Institut de Radioprotection et de Sûreté Nucléaire (IRSN), bras technique de l’ASN, à l’Agence Nationale pour la gestion des Déchets Radioactifs (ANDRA), en charge du projet, qui devait alors étudier deux solutions pour y remédier : celle d’un prétraitement des déchets nucléaires bituminés pour neutraliser leur réactivité chimique et leur inflammabilité avant leur enfouissement dans les entrailles de Bure, ainsi que celle d’une révision complète de la conception de leur stockage pour exclure tout risque d’emballement de réactions exothermiques. Dans son avis définitif, l’ASN demande désormais à l’ANDRA de privilégier la première option tout en étudiant la seconde. Elle fixe également comme préalable la « caractérisation dans les meilleurs délais de ces colis de déchets bitumés par leurs producteurs ». L’Autorité attend en parallèle que plusieurs compléments d’information lui soient apportés avant que l’ANDRA ne dépose en 2019 sa demande d’autorisation de création du centre d’enfouissement. Ces éléments attendus concernent avant tout la justification de l’architecture de stockage, le dimensionnement de l’installation pour résister aux aléas naturels, la surveillance du complexe, ainsi que la gestion des situations post-accidentelles.
Rappelons enfin que ces colis de déchets radioactifs de moyenne activité à vie longue en enrobés bitumineux sont actuellement entreposés au centre de recherche du Commissariat à l’Energie Atomique (CEA) de Marcoule, dans le Gard. Produits entre 1960 et 1990, ils sont constitués de 40 000 fûts nucléaires d’environ 200 litres.