Lors d’un Comité Central d’Entreprise (CCE) tenu à Paris il y a quelques semaines, la direction d’ArcelorMittal a décidé de ne pas redémarrer la production d’acier liquide en Lorraine. Arrêtés en 2011, puis mis sous cocon en 2013 suite à l’accord conclu entre l’Etat français et le sidérurgiste le 30 novembre 2012, les hauts-fourneaux de Hayange sont donc désormais définitivement arrêtés. ArcelorMittal s’était engagé à évaluer la faisabilité d’un redémarrage de la production selon l’état du marché de l’acier six ans après la signature de l’accord avec le premier ministre français de l’époque, à savoir Jean-Marc Ayrault. L’entreprise a jugé que les conditions de ce redémarrage n’étaient pas réunies, contrairement à plusieurs voix dans la vallée.
La direction du groupe sidérurgiste préfère en effet miser sur le nouveau positionnement du site qui emploie encore 2 300 personnes et qui constitue aujourd’hui une référence dans les activités de transformation de l’acier à haut valeur ajoutée. ArcelorMittal a également rappelé que plus de 300 millions d’euros ont été investis depuis six ans sur le complexe de Hayange-Florange pour en faire un centre d’excellence des aciers de haute technologie, en particulier pour l’automobile, l’emballage et l’industrie en général. Un investissement supplémentaire de 22 millions d’euros a par ailleurs été annoncé sur la nouvelle ligne de production de l’acier Usibor qui a remplacé l’ancienne ligne d’électrozingage. La capacité de celle-ci, actuellement de 600 000 tonnes d’acier par an, sera portée à 800 000 tonnes. Au total, près de 90 millions d’euros ont été engagés pour lancer Usibor.
A noter enfin qu’ArcelorMittal entend déconstruire les iconiques hauts-fourneaux de Hayange, symboles de la vallée, pour mettre si besoin à disposition les terrains dépollués en vue de l’implantation de nouvelles entreprises. La durée de cette opération de démantèlement est estimée à trois-quatre ans. Le Groupe BLE Lorraine demande à ce que ce patrimoine industriel soit préservé et intégré à un nouvel espace économique sous le modèle urbanistique luxembourgeois d’Esch-Belval, afin de préserver la mémoire sidérurgique de la Vallée de la Fensch tout en assurant sa reconversion.
ArcelorMittal a dernièrement donné une partie de ses archives historiques au Conseil Départemental de la Moselle. Ces courriers, photos, plans et dossiers sont répartis dans 16 000 boîtes et représentent 1,6 kilomètre linéaire d’archives. Datant du début du XIXème siècle à celui des années 2000, ils éclairent deux siècles d’histoire des mines de fer et de la sidérurgie lorraine qui ont marqué l’économie, l’urbanisme ou encore la vie sociale des vallées de l’Orne et de la Fensch. Ces documents sont à présents conservés au Centre des Archives Industrielles et Techniques de la Moselle à Saint-Avold. Unique dans l’Hexagone, ce service abrite dix kilomètres d’archives, consultables gratuitement sur rendez-vous et valorisés lors d’expositions temporaires.