Des calles pour que les portes ne s’ouvrent pas toutes seules, des troubles musculo-squelettiques pour compenser en permanence les pertes d’équilibre, des objets qui tombent des tables et des armoires … Les dégâts des affaissements miniers se vivent au quotidien dans des dizaines d’habitations de Rosbruck, près de Forbach, dans le Bassin Houiller lorrain.
Il faut dire que l’exploitation du charbon dans le sous-sol de la commune a fait beaucoup de dégâts en surface. Dans les années 1990 et 2000, 76 maisons ont par exemple été rasées et 80 autres relevées. L’église a également dû être reconstruite. La pente de certaines maisons, fissurées, dépasse parfois trois centimètres par mètre.
Depuis 2004, le village d’environ 750 âmes se bat pour obtenir une juste indemnisation des dégâts miniers sur ses bâtiments publics. Plusieurs habitants se sont également engagés dans de longues procédures judiciaires depuis que le Plan de Prévention du Risque Inondation (PPRI) a classé en zone rouge leurs maisons, les rendant de fait invendables. Ce plan les oblige par ailleurs à réaliser à leurs frais des travaux à l’étage de leurs habitations dévaluées, afin d’aménager des refuges en cas d’inondation. Une digue a même été construite car tout le vallon de Weihergraben se trouve à présent à quatre mètres sous le niveau de la Rosselle. Pourtant, lorsque le lotissement a été construit à la fin des années 1970, il était largement au-dessus de la rivière. Mais le terrain est descendu de près de quinze mètres après l’utilisation du foudroyage pour l’exploitation charbonnière !
Il y a quelques semaines, la Chambre Civile du Tribunal de Sarreguemines avait ordonné à Charbonnages de France (CdF), liquidateur de l’après-mine, de payer à Rosbruck 5,907 millions d’euros « en réparation des dommages subis par cette dernière à la suite des affaissements miniers ». La commune du Bassin houiller lorrain de 780 habitants, surnommée le « village qui penche », pouvait alors enfin entrevoir un avenir meilleur après plus de treize ans de bataille judiciaire pour réparer l’assiette des nombreux bâtiments frappés par la dernière période d’exploitation minière sous son territoire. Le juge avait ainsi tenu compte des dégâts sur les bâtiments, sur le réseau d’assainissement, du coût des travaux conservatoires, du préjudice fiscal pour la commune avec la destruction de 75 maisons dangereuses et de la chute démographique (- 22 % d’habitants). Il a également estimé à 100 000 euros la dégradation de l’image de Rosbruck.
Malheureusement et à au grand désarroi du maire, Charbonnages de France a dernièrement interjeté appel de la décision du tribunal. Dans l’attente de cette procédure en appel, CdF devrait néanmoins quand même verser trois millions d’euros à la commune qui pourra ainsi lancer les travaux de reconstruction de l’école, de l’assainissement et de certaines voiries.