Au Musée de la Cour d’Or, le visiteur se surprend à imaginer Metz tel qu’il était à l’époque gallo-romaine. La ville s’appelait alors Divodorum Mediomatricorum, la cité des dieux des Médiomatriques.
La Colline Sainte-Croix constituait le cœur de la cité antique. C’est là que se trouve le Musée de la Cour d’Or. Avec ses 14 000 mètres carrés de surface et de réserves et ses 46 salles, l’établissement propose un parcours chronologique labyrinthique qui fait remonter le temps à chaque visiteur. Découverts en 1934, les thermes romains sont présentés in-situ. Ceux-ci étaient différents de ceux du Sud de l’Europe. En effet, ils ne contenaient pas de grands bassins, mais des grandes baignoires pour cinq à six personnes. Il est encore possible d’observer le marbre qui les recouvrait et les mosaïques qui tapissaient le sol. En réalité, quatre établissements thermaux existaient à Metz. Celui situé sur la Colline Sainte-Croix était le plus grand et le plus cossu. Cela dit, il n’était pas réservé à une élite. Bien au contraire, les thermes romains étaient publics, accessibles à tous, gratuits ou très peu chers. Les magistrats les finançaient pour signifier leur puissance. Les thermes de Metz étaient alimentés en eau depuis Gorze, eau réputée pour sa pureté, par un ingénieux aqueduc de 27 kilomètres de long. Deux parties de cet ouvrage d’art monumental sont encore visibles de part et d’autres de la Moselle à Jouy-aux-Arches et à Ars-sur-Moselle. Elles témoignent encore de cet impressionnant pont de 1,3 km. Le reste de l’aqueduc était constitué de canalisations souterraines qui s’imbriquaient les unes dans les autres pour faciliter leur réparation. Les thermes messins n’étaient pas seulement des lieux de baignade. C’étaient de véritables lieux de vie avec des salles de massage, des bibliothèques et des salles de conférence. Des médecins étaient présents dans certains. Il était également possible d’y pratiquer du sport.
Avec 25 000 places, l’amphithéâtre de Divodorum était l’un des plus grands du monde romain. Il reste malheureusement enfoui sous le carrefour devant le Centre Pompidou-Metz. Son école de gladiateurs était particulièrement réputée dans l’Empire. Les spectateurs venaient de loin pour assister aux combats. Contrairement à la croyance populaire, les gladiateurs étaient des sportifs professionnels entraînés et préservés. Le signe du pouce vers le haut ou vers le bas, qui a marqué le cinéma hollywoodien, n’a jamais existé.
Au cours de sa période gallo-romaine, Metz a atteint son apogée au IIème et au IIIème siècles après J-C. L’opulence et la puissance de l’antique Divodorum se devinent encore aujourd’hui dans les objets du quotidien exposés au Musée de la Cour d’Or, à l’image des instruments ophtalmologiques qui permettaient déjà d’opérer de la cataracte. La célèbre Colonne de Merten témoigne également du faste de l’époque gallo-romaine dans la région. 217 morceaux de ce monument ont ainsi été retrouvés à Merten, près de Creutzwald. Une reproduction à l’identique de douze mètres de haut trône à l’entrée de la Rue Serpenoise, l’antique Via Scarpona. Le visiteur peut aussi admirer le magnifique autel dédié au dieu Mithra, découvert à Sarrebourg et classé au patrimoine mondial de l’humanité par l’UNESCO, ainsi qu’une formidable urne funéraire en onyx importée d’Egypte.
A noter enfin que 74 stèles funéraires ont été dégagées à Metz en 1974 lors de la construction du Centre commercial Saint-Jacques. A l’époque, elles étaient placées au-dessus d’une urne funéraire. Les gravures qu’elles arborent permettent encore d’identifier le métier du défunt. La nécropole découverte à l’emplacement du Centre Saint-Jacques était réservée à l’élite. Une seconde nécropole, plus modeste, fouillée au Sablon, accueillait quant à elle le commun des mortels. Les premiers sarcophages en plomb martelé sont apparus au IVème siècle au moment de la christianisation.