L’occupation humaine de Mousson est très ancienne. Des fouilles archéologiques, entamées en 1987-1988, ont permis de prouver que le site était déjà fréquenté par l’homme au Néolithique. L’époque celtique du Hallstatt moyen, entre 650 et 550 avant Jésus-Christ, période de développement de l’urbanisation, a aussi laissé des traces qui se poursuivent jusqu’à la fin de l’Empire romain. Nous pouvons supposer qu’un oppidum, sanctuaire religieux entouré de palissades servant à l’occasion de camp retranché en cas de danger, ait été établi, le temple païen ayant été remplacé par un édifice chrétien à la faveur de la christianisation du secteur à la fin de l’Antiquité. D’ailleurs, la présence d’une église est avérée dans la première moitié du VIIème siècle après Jésus-Christ. Il est possible que Mousson, dont le nom dérive de Mons Jovis, doive sa dénomination au général romain Flavius Jovinus qui, en 366, surprit avec son armée une bande d’Alamans qu’il écrasa sans pitié. Le nom d’un lieu-dit, « Atrée des Allemands », dans le village voisin d’Atton, a conservé le souvenir de cet épisode guerrier antique.
Grand rival de l’évêque de Verdun, le Comte Renaud Ier de Bar, seigneur de Mousson, fit de ce château sa résidence principale, qualifiée de palais en 1128. Au pied de la forteresse, un bourg actif se développa, ainsi que les échanges commerciaux. Par sa charte d’affranchissement signée le 21 avril 1261, le Comte Thibaut II de Bar fondait la ville de Pont-à-Mousson. L’activité marchande et commerciale se déplaça alors de Mousson vers le Pont à Mousson.
Le château, proprement dit, était entouré d’une enceinte polygonale longue de 250 mètres. Les murs étaient d’une épaisseur de sept mètres. Les plus hauts actuellement conservés atteignent la hauteur de sept mètres. La deuxième enceinte construite dans la première moitié du XIIIème siècle englobait le bourg de Mousson. Longue de 820 mètres, elle rejoignait la première enceinte défendant le château à ses angles Nord-Ouest et Sud-Ouest. Elle était percée de trois portes défendues par sept tours. Régulièrement, des réparations devaient être entreprises pour la réfection des courtines et des tours comme en 1512-1513. Les Archives Départementales de Meurthe-et-Moselle en conservent plusieurs traces dans divers documents.
Le château de Mousson connut bien des sièges. L’un des plus mémorables se déroula en 1113 quand Henri V, qui avait obligé le pape à le couronner Empereur du Saint-Empire Romain et Germanique en 1111 après l’avoir emprisonné, vint avec son armée sous les murs de Mousson. Malheureusement, malgré la capture du Comte Renaud Ier de Bar, partisan du pape dans la querelle des investitures, sa soldatesque ne parvint pas à faire plier la résistance de la garnison de Mousson galvanisée par la présence de la comtesse Gisèle. Et cette dernière ne céda pas aux menaces émises par Henri V qui avait fait dresser une potence pour pendre le comte si la Dame n’acceptait pas de se rendre. Ayant accouché d’un fils pendant la nuit, elle envoya un messager dire à l’Empereur qu’il y avait un nouveau Comte de Bar et qu’il pouvait faire ce qu’il voulait de l’ancien. De hauts personnages calmèrent la colère de l’Empereur et Renaud Ier fut libéré après lui avoir promis foi et hommage.
En 1230, à la suite des ravages causés dans 70 villages lorrains par les troupes d’Henri II, Comte de Bar, le Duc de Lorraine, Mathieu II, en représailles, lançait ses hommes à l’attaque. Ces derniers détruisirent le pont sous Mousson et provoquèrent de grands dommages à la forteresse de Mousson. Grâce à l’intervention du Roi de France, Saint Louis, la paix fut signée le 12 décembre 1230 à Melun entre les deux belligérants. C’est, sans doute, à la suite de cet épisode guerrier, que les enceintes du château de Mousson bénéficièrent d’importants travaux. Le 31 octobre 1369, veille de la Toussaint, les Messins attaquaient Mousson et mirent le feu au bourg. Le non-paiement des nombreuses dettes contractées par Robert Ier de Bar avait allumé le conflit en avril 1368. Fait prisonnier par les Messins, il fut libéré grâce à son beau-frère, le Roi de France Charles V, qui contribua à réunir la somme considérable négociée lors d’un traité.
De 1488 à 1493, le Duc de Lorraine et de Bar, René II, est en guerre contre la ville de Metz. En 1489, les troupes lorraines ravagent les environs de la cité messine avant de l’assiéger en 1490. En 1492, ce sont les Messins qui assiègent Mousson. Le 10 mai, un bâton de feu propulsé par l’artillerie touche la grosse tour où est entreposée la poudre à canon. L’énorme explosion provoque un incendie se propageant à tout le château. Sollicité par les deux parties, Maximilien Ier d’Autriche, Empereur de fait du Saint Empire Romain Germanique, arrive à Metz le 13 novembre 1492. Le 19 mai 1493, le Duc René II accordait la paix aux Messins. Puis, la Guerre de Trente ans sonna le glas de l’ancienne forteresse. A partir de 1633, le château de Mousson fut démantelé sur ordre du Cardinal de Richelieu, l’éminence grise du Roi de France Louis XIII, dont les troupes occupaient les Duchés de Lorraine et de Bar.
Lors de la Guerre de 1914-1918, la Butte de Mousson servit d’observatoire pour les militaires français faisant face aux Allemands qui occupaient Prény. La Première Guerre mondiale réactivait ainsi l’ancienne inimitié entre les deux places fortes médiévales. L’offensive américaine de septembre 1944 fut très destructrice pour Mousson occupé par les Allemands, cibles de l’artillerie américaine les 5 et 7 septembre. Le 14 septembre, les GI’s se lançaient à l’assaut de la butte définitivement libérée le 16 septembre 1944. Désormais, les observateurs et les artilleurs américains remplaçaient leurs confrères allemands. Endommagées par les obus, de grandes portions des remparts furent rasées aux bulldozers. Parmi les ruines, il est encore possible d’observer des archères. Ces fines ouvertures à travers la muraille permettaient aux défenseurs de décocher des flèches ou des carreaux d’arbalète sur d’éventuels assaillants. Au château de Mousson, nous pouvons observer leur évolution du Moyen-âge central au Bas Moyen-âge. En effet, l’étroite bande verticale d’origine permettant les tirs de flèches et de traits a été élargie d’une ouverture rectangulaire à son sommet pour permettre l’utilisation d’armes à feu.
Comparé à d’autres lieux, notamment à son rival de Prény, le château de Mousson, victime des nombreux conflits ayant ensanglanté le secteur depuis des siècles, conserve moins de ruines, les destructions ayant été très importantes surtout lors des combats de la Libération en septembre 1944. Cependant, ce formidable patrimoine médiéval est très bien mis en valeur. Les ruines du château de Mousson, classées au titre des Monuments Historiques par Arrêté du 11 avril 1932, valent vraiment le détour. De plus, les visiteurs peuvent admirer de superbes panoramas sur la Vallée de la Moselle et la campagne lorraine !