Les amateurs d’art et de vieilles pierres savent certainement qu’à Metz, le Fonds Régional d’Art Contemporain de Lorraine s’est installé, il y a quelques années de cela, dans l’Hôtel Saint-Livier, magnifique demeure patricienne du XIIIème siècle située sur les hauts de Sainte-Croix. Mais combien savent, au juste, qui était Saint Livier ? Son histoire, à mi-chemin entre légende et réalité historique, en fait pourtant un personnage incontournable de l’hagiographie lorraine.
Fils d’un puissant seigneur du Pays Messin, Livier se serait appliqué à combattre les Barbares qui, aux IVème et Vème siècles, déferlaient sur l’Empire romain. Appelé à défendre la cité de Metz contre la furie d’Attila et de ses terribles Huns, Livier aurait été fait prisonnier lors du sac de la ville en 451 et conduit jusqu’à Marsal. Sommé, par les Huns, de renier sa foi, Livier est finalement décapité.
La suite de l’histoire se poursuit en céphalophorie : le jeune martyr ramasse sa tête et la porte jusqu’à une source qui coule sur les flancs du Mont Saint-Jean. Terrifiés par ce geste surnaturel, les guerriers d’Attila auraient abandonné le lieu qui, dès lors, serait devenu un but de pèlerinage.
Les historiens ne s’accordent pas sur la date du martyr. Un document émanant du cartulaire de Saint-Arnould place le martyr à l’année 329. Il est probable que le sac de Metz en 451, bien plus marquant pour les esprits, ait amalgamé la date du supplice de Livier. Incertains sur la date, les spécialistes s’accordent en revanche pour dire que les reliques de Saint Livier ont connu une extraordinaire destinée. Une partie d’entre elles ont en effet été transférées à Metz, dès la fin du Xème siècle, avant d’être mises à l’abri à Verdun, pendant la Guerre de Trente Ans. Elles ne seront rendues à l’Evêché de Metz que dans le courant du XIXème siècle.
En bon céphalophore, c’est-à-dire, littéralement « porteur de tête », Saint Livier est traditionnellement représenté en armure, avec sa tête entre ses mains. Son culte s’est très tôt diffusé dans tout le diocèse de Metz. Une église lui était dédiée dans le quartier du Pontiffroy à Metz. On peut encore en voir les ruines. Dans le Saulnois, les lieux de son martyr font l’objet d’un pèlerinage assez fréquenté. Chaque dimanche qui suit le 17 juillet, les fidèles se rendent au sommet du Mont Saint-Jean, pour prier, dans la chapelle édifiée en 1623 par Jean de Gombervaux, alors abbé de Salival, ce saint auquel les Barbares firent perdre la tête.
C’est dans la cathédrale de Metz, plus précisément dans le chœur de Notre-Dame-la-Ronde que se trouve un vitrail représentant le martyre de Saint Livier. Patricien messin, ce dernier aurait combattu, d’après la légende, les troupes d’Attila, avant de se faire capturer, puis décapiter au sommet du Mont Saint-Jean, entre Vic et Marsal. Les mêmes légendes nous disent que le jeune guerrier, tout juste après son exécution, aurait ramassé sa tête pour aller l’enterrer à quelques pas du supplice, là où venait de jaillir une source miraculeuse. Une chapelle existe toujours sur les flancs de cette colline. Reconstruite au XVIIème siècle par les moines de l’Abbaye de Salival, elle continue d’attirer, chaque 17 juillet, le jour de la fête du Saint, quelques poignées de pèlerins.
Défenseur de la foi chrétienne, Saint Livier deviendra au Moyen-âge le patron des chevaliers messins. La puissante famille de Gournay prétendra même qu’il est l’un de ses ancêtres. Et des oratoires seront élevés à Saint Livier, dans l’église Saint-Maximin par exemple ainsi que dans l’Hôtel Saint Livier, bâtiment médiéval qui abrite aujourd’hui le Fonds Régional d’Art Contemporain.
Saint du Saulnois et saint messin, Livier est un céphalophore, c’est-à-dire un porteur de tête, dont le martyre rappelle ceux des Saints Eucaire et Elophe, ainsi que de la vosgienne Sainte Libaire. Son culte demeure pourtant méconnu.