Thomas RIBOULET
Une statue de mineur-footballeur a dernièrement été inaugurée sur la Place Verte à Giraumont, village de près de 1 500 habitants du Pays-Haut meurthe-et-mosellan. Sculpté dans le fer, le monument représente un chevalement surmonté d’un joueur de foot. Il rend hommage aux footballeurs lorrains qui sont sortis des mines et des usines sidérurgiques depuis l’après-guerre.
Il faut dire que Giraumont n’est pas un village lorrain comme les autres. Si la commune n’a plus de club de football aujourd’hui, elle a dans les années 1950 et 1960 enfanté pas moins de seize joueurs de football professionnels en Première et en Seconde Division et a constitué une véritable pépinière pour l’équipe de France. Parmi ceux-ci, six ont en effet été internationaux et trois ont été sacrés meilleurs buteurs du championnat de France de Première Division.
Avant cela, quatorze d’entre eux ont fait la joie de l’AS Giraumont qui a remporté par deux fois, en 1955 et en 1959, le titre de Champion de France amateurs Groupe Est, et par trois fois le Challenge de Wendel, l’ancêtre de la Coupe de Lorraine en 1957, 1961 et 1965. Autant d’hommes qui travaillaient dans l’obscurité des galeries de mine de fer et remontaient pour jouer sous les projecteurs. Des mineurs lorrains qui étaient pour la plupart des fils ou des petits-fils de Polonais ou d’Italiens ayant quitté leur pays pour travailler dans l’industrie. Ils étaient surmotivés et solidaires. Plus ils jouaient au foot, moins ils descendaient au fond. Autant de traits de caractère qui n’échappaient pas aux yeux des recruteurs des clubs professionnels des quatre coins de l’Hexagone qui venaient dénicher les pépites des cités ouvrières et minières de Lorraine. Une fois qu’ils étaient devenus professionnels, les anciens mineurs gagnaient en un mois ce qu’ils gagnaient en un an à la mine. Mais ils avaient beau gagner des matchs et remporter des titres, ils restaient au fond d’eux des gars de la mine.
Il ne reste plus grand-chose aujourd’hui de cet étonnant pan de l’histoire de Giraumont. Deux buts sans filet et une main courante rouillée sont les derniers vestiges du mythique Stade de la Butte. L’AS Giraumont n’existe plus et la mine a fermé ses portes en 1978. Il règne comme un parfum de nostalgie sur les herbes hautes du glorieux passé sportif du village.
Les footballeurs-mineurs de Giraumont s’appelaient Marcel Adamczyk (FC Metz, AS Nancy-Lorraine, Lille OSC), Henri Borowski (FC Sochaux-Montbéliard, SC Toulon, SC Bastia), Zygmunt Chlosta (SCO Angers, AS Nancy-Lorraine, Stade Rennais, AS Monaco), Germain Kicinski (SCO Angers, Châteauroux), Léon Gorczewski (FC Metz, RC Lens), Marcel Jurczak (FC Metz), Edouard Kargulewicz (Girondins de Bordeaux), Serge Masnaghetti (Valenciennes), Christian Navacchi (Olympique Lyonnais, Dunkerque), Jean-Claude Piumi (Valenciennes, AS Monaco), David Poulet (Charleville-Mézières), Bruno Rodzik (Stade de Reims, OGC Nice), Jean-Claude Turci (RC Lens, Boulogne), Bernard Zénier (FC Metz, AS Nancy-Lorraine, Girondins de Bordeaux, Olympique de Marseille), Hubert Zénier (Béziers, Le Havre AC, SCO Angers, SC Bastia, AS Nancy-Lorraine) et Serge Zénier (FC Metz).
Marcel Adamczyk, Edouard Kargulewicz, Serge Masnaghetti, Jean-Claude Piumi, Bruno Rodzik et Bernard Zénier ont porté le maillot de l’équipe de France de football.
