Après six ans de travaux et moult atermoiements, le nouveau siège de l’INSEE (Institut National de la Statistique et des Etudes Economiques) a enfin été officiellement inauguré dans les locaux de l’ancienne gare de Metz située Place du Roi George.
C’est la fin d’un véritable camouflet ou feuilleton, c’est selon, qui avait débuté après l’annonce des iniques et odieuses restructurations militaires qui avaient amputé Metz en 2008 de 5 000 militaires et de leurs familles. Entre promesses et désillusions, entre départs et arrivées, 350 agents de l’INSEE et d’une direction générale du ministère français de l’Economie et des Finances ont pris possession depuis septembre 2022 de l’ancienne gare de Metz construite en pierre de Jaumont par les Allemands en seulement quatre ans à la suite de l’annexion d’une partie de la Lorraine en 1871. Si les travaux titanesques de rénovation de ce fleuron du patrimoine messin n’ont véritablement commencé qu’en 2017, il aura fallu plus de dix ans pour que ce projet aboutisse. Sur les 600 agents de l’INSEE envisagés, seule la moitié est finalement venue. Ceux des autres services statistiques ministériels qui devaient les accompagner ne viendront quant à eux jamais. Sans compter le fiasco de l’écotaxe et de la société Ecomouv’ qui devait s’installer sur l’ancienne BA 128 de Metz-Frescaty. On est très loin des 1 500 emplois publics initialement promis en guise de compensation par l’ancien président de la République Nicolas Sarkozy. Que de fermetures de casernes et de régiments inutilement, que d’absence de vision stratégique, quelle ironie du sort, alors que la guerre frappe à nouveau l’Est de l’Europe …
A Metz, l’INSEE se penche désormais uniquement sur des études nationales. Le siège messin abrite également le centre de service des Ressources Humaines qui gère la paye pour l’ensemble des 5 000 agents de l’institut dans l’Hexagone. C’est aussi ici que se trouve le centre de production informatique qui traite les immatriculations SIREN des entreprises, le répertoire des numéros de Sécurité Sociale ou encore les immatriculations des associations de mission nationale. Les agents s’occupent enfin à Metz de tout ce qui tourne autour des statistiques liées à l’emploi, aux salaires et aux déclarations des entreprises. Ils bénéficient dans la plus grande ville de Lorraine de locaux sobres, fonctionnels et épurés. Rappelons qu’avant de gagner l’ancienne gare de Metz, les statisticiens avaient dans un premier temps été hébergés au Technopôle dans les anciens locaux de TDF (Télédiffusion de France), puis dans un autre immeuble situé Avenue André Malraux.
Afin de concrétiser cet ultime déménagement, la rénovation de l’ancienne gare a représenté un investissement de plus de vingt millions d’euros. Les travaux ont permis de découvrir plusieurs trésors datant de l’époque allemande, à l’image d’une peinture murale qui était cachée derrière un mur et qui comporte une partie d’un poème de Goethe, dans lequel est fait l’éloge du voyage. Des fresques ont également été retrouvées dans des alcôves de la salle des pas perdus. Celles-ci représentent les blasons des villes qui étaient autrefois desservies depuis la gare de Metz. Outre Berlin, les Messins pouvaient alors se rendre en train jusqu’à la Mer Baltique. Les portes monumentales en bois qui étaient conservées dans des caisses ont quant à elles étaient restaurées et posées sur un grand mur en guise de décoration. Elles gardaient autrefois les bureaux de la direction, mais ne répondaient plus aux normes incendie actuelles. Les nombreux escaliers d’origine ont eux aussi été préservés et intégrés à l’aménagement intérieur pour donner du cachet à cet immense bâtiment de 7 000 mètres carrés qui ne comporte pas moins de 247 portes.
A noter que l’ancienne gare de Metz a servi de 1878 à 1908, année d’entrée en fonction de la nouvelle gare impériale. Sur sa façade trônent encore les huit têtes de lion, emblème du Kaiser Guillaume Ier qui symbolisait la force. Avant d’accueillir le siège de l’INSEE, le bâtiment a abrité la direction régionale de la SNCF. Un parking d’une centaine de places a été créé pour les agents à l’arrière dans la cour. Un ancien aiguillage en plomb, ainsi que des murs qui servaient autrefois à séparer les guichets y ont été installés pour agrémenter les espaces verts. A l’époque, l’ancienne gare n’avait jamais été inaugurée par les Allemands. C’est désormais chose faite.
Merci pour votre bel article sur l’ancienne gare devenue l’Insee. Habitant juste en face, j’y ai vu (de l’extérieur) tout ce travail de réhabilitation effectué sur plusieurs années pour un beau résultat final.