« Quartier Grossetti », voilà un lieu qui ne parle plus à grand monde. Il a pourtant marqué cinquante ans de l’histoire de Boulay. La municipalité vient d’ériger un panneau relatant l’historique de ce quartier. Pour ne pas oublier.
Aujourd’hui, à Boulay, Rue des sous-officiers, longeant la zone commerciale, subsiste un mur d’une vingtaine de mètres de longueur fait de plaques de béton. C’est tout ce qu’il reste du Quartier Grossetti, un lieu que les derniers militaires ont quitté en 1982 après s’y être installés en 1936. Au début des années 1930, la Ligne Maginot étire fièrement sa réputation d’inviolabilité tout au long des frontières de l’Est. Sur le secteur fortifié de Boulay, sa mise en place a entrainé la construction d’un camp militaire sur douze hectares. Dès 1936, un détachement du 162ème R.I.F. (Régiment d’Infanterie de Forteresse) s’y installe : 2 200 hommes et soixante chevaux pour surveiller les ouvrages Maginot du secteur. A l’armistice du 22 juin 1940, après que les militaires français ont évacué les lieux, le camp de Boulay devient le « Stalag XII F » vers lequel sont dirigés les prisonniers de guerre évadés d’Allemagne et repris. Parmi ceux-ci, un certain François Mitterrand.
Annexe du Ban Saint Jean
Après le départ des prisonniers de guerre français, les lieux sont devenus hôpital annexe du tristement connu Camp du Ban-Saint-Jean et destinés aux prisonniers soviétiques et en particulier ukrainiens. 350 000 ont transité au Ban-Saint-Jean, arrivant en train dans des wagons à bestiaux en gare de Boulay. Beaucoup sont morts de déficience alimentaire et sont enterrés dans des fosses communes dans le cimetière juif qui se trouvait en face de la caserne Grossetti.
Centre d’accueil et « grandes oreilles »
En 1945, le camp de Boulay devient un centre d’accueil et de rapatriement pour les anciens prisonniers de guerre français alors que les logements des cités des sous-officiers et des officiers accueillent des familles boulageoises sinistrées par les bombardements de 1944. En 1946, nouveau changement, les bâtiments du camp servent de dortoirs aux travailleurs italiens et maghrébins employés par les Houillères du Bassin de Lorraine (HBL). C’est en 1959 que l’Armée reprend le site pour y installer la 718ème Compagnie des Transmissions qui était l’un des maillons forts de la traque du moindre renseignement venant d’au-delà du rideau de fer. C’est en effet l’époque des « grandes oreilles », où Boulay écoutait les communications en provenance d’URSS durant la Guerre Froide.
Devenu centre commercial
En 1982, le régiment part pour Mutzig. Vide depuis cette date, le camp a failli devenir d’abord une prison en 1988 puis un lycée à un autre moment avant d’être complétement rasé pour être réhabilité en surface commerciale et en lotissements d’habitation.
Aujourd’hui, aucune rue, aucun lieu ne porte le nom de « Grossetti », du nom d’un général de la Grande Guerre. Alors pour les nouvelles générations et les nouveaux Boulageois et pour ne pas oublier ce demi-siècle d’histoire, la municipalité de Boulay a décidé, à l’initiative de deux anciens de la Caserne Grossetti, d’ériger un panneau relatant l’historique de ce quartier. Il a été inauguré à l’occasion des commémorations du 11 novembre.
Mais c’est mon père sur cette photo M. Michel CLIQUOT accompagné du Maire de Boulay à l’époque M. André Boucher décédé le Mercredi 21 juillet 2021 à l’âge de 73 ans.