Avec sa tour-clocher fortifiée percée de meurtrières construite au XIVème siècle qui servait autrefois à protéger les habitants, l’église Saint-Martin de Sillegny, en Pays Messin, apparaît plutôt austère. Pourtant, l’édifice de style gothique flamboyant abrite une merveille de l’art religieux, à savoir des fresques du XVIème siècle qui recouvrent presqu’intégralement ses murs. Un chef d’œuvre de la Renaissance. A tel point que l’église de Sillegny est surnommée la chapelle Sixtine lorraine.
A l’intérieur, c’est une véritable explosion de couleurs empruntés aux plus grands peintres de la Renaissance italienne. Fascinantes et truffée de détails truculents, les peintures murales de Sillegny ont été réalisées à la détrempe en 1540, soit trente ans après celles de Michel-Ange à la chapelle Sixtine à Rome. Elles représentent essentiellement des scènes religieuses, ainsi que des saints et des saintes. Ces fresques travaillées à l’œuf et à la colle seraient l’œuvre de peintres italiens itinérants qui auraient été envoyés à la demande du curé du village par les sœurs du cloître de Sainte-Marie-aux-Nonnains de Metz dont dépendait la paroisse. C’était en effet une pratique courante à l’époque de peindre des scènes de la Bible sur les murs des églises. Ce catéchisme géant permettait aux prêtres d’instruire leurs fidèles qui étaient pour la majorité d’entre eux illettrés.
La plus grande et la plus remarquable fresque de l’église de Sillegny a été peinte sur le mur au-dessus de l’entrée. D’une superficie de 42 mètres carrés, elle représente le Jugement dernier tel qu’il est décrit dans l’Evangile selon Saint Mathieu. A la droite du Jugement dernier, sur la tour d’escalier menant au clocher, se trouve une fresque de cinq mètres de haut de Saint Christophe. Les dimensions de celle-ci témoignent ainsi de l’importance que revêtait le protecteur des voyageurs pour les peintres itinérants de l’époque. La scène montre le saint traversant une rivière en portant l’enfant Jésus sur son épaule. On peut y déceler de nombreux symboles et allégories. Le lit de la rivière est par exemple parsemé de cailloux et de rochers, rendant sa traversée difficile, comme peut l’être la vie aussi. De la même manière, une sirène, symbole de la luxure, préfère se contempler dans un miroir plutôt que d’apporter son aide.
En s’approchant du chœur de l’église on peut observer une autre fresque impressionnante. Il s’agit de l’Arbre de Jessé. Mesurant sept mètres de haut pour 3,60 mètres de large, elle représente quant à elle la généalogie de Jésus selon le prophète Isaïe. Les quatre évangélistes ont été peints sur la voute centrale du transept, tandis que Saint Césaire, saint patron des empereurs romains, figure dans le presbytère.
Il faut bien avoir conscience que ce trésor de la Renaissance a traversé les siècles par miracle. L’église de Sillegny échappa d’abord à la destruction en 1635 lorsque les hordes de Suédois ravagèrent la Lorraine durant la Guerre de Trente Ans. Passées de mode et certainement pour revenir à la sobriété dans les décors des édifices religieux, les fresques furent ensuite recouvertes d’un badigeon blanc, sans doute vers la fin du XVIIIème siècle, voire au début du XIXème siècle. Par cette action, elles furent ainsi protégées des effets du temps, avant d’être redécouvertes en 1845 par l’abbé Schnabel, curé de la paroisse de 1840 à 1891, lors d’une opération de grattage de l’abside. Une première restauration fut alors entreprise pendant vingt ans par le peintre messin Charles-André Malardot. A noter que toujours au XIXème siècle, les anciennes verrières du chœur furent remplacées par des œuvres de Laurent-Charles Maréchal, élève messin d’Eugène Delacroix. Enfin, bien que le village de Sillegny fût détruit à 95 % par les combats entre les Américains et les Allemands pour la libération de la Lorraine, l’église et ses fresques échappèrent miraculeusement aux bombardements. Pour le plus grand plaisir de nos yeux aujourd’hui.
L’église de Sillegny, dans le Sud du Pays Messin, est célèbre pour ses peintures murales. Au point que d’aucuns la surnomme la « Sixtine de la Seille ». On y trouve plusieurs saints, les apôtres et une scène magistrale du Jugement dernier. On y trouve également, sur la voûte qui domine la croisée du transept, une représentation du tétramorphe. Du tétra quoi ? Du tétramorphe. Cela vient de deux mots grecs signifiant « quatre » et « animaux ». Quatre animaux donc, qui représentent ici les quatre évangélistes. Dans la tradition chrétienne, les auteurs des quatre évangiles canoniques, il existe également des évangiles dits « apocryphes » qui n’ont pas été jugés dignes de figurer dans la Bible, sont associés à des animaux. Ainsi trouve-t-on respectivement : l’ange pour Saint Matthieu ; le lion ailé pour Saint Marc, qui deviendra par ailleurs le symbole de Venise, la ville s’étant placée sous la protection de ce saint ; le taureau ailé pour Saint Luc et l’aigle pour Saint Jean, ce dernier ayant rédigé le texte le plus lumineux et le plus clairvoyant.