Le Soleil du matin vient caresser la pierre et donner à la porte ci-dessous une couleur toute dorée, si caractéristique des maisons du Pays-Haut lorrain. Nous sommes à Jouaville, petit village situé aux confins du Jarnisy et du Pays Messin et dont le nom viendrait, d’après certains historiens, de Jovis villa, c’est-à-dire le « Domaine de Jupiter ». Peut-être qu’un temple dédié au dieu des dieux romain s’élevait ici, il y a un peu moins de deux mille ans.
La porte semble dater de la Renaissance. Encadrement mouluré, que surmonte un puissant entablement, lequel se prolonge en un fronton tronqué, au centre duquel on devine un écu que la vigne, hélas, rend illisible. Au-dessus de cet écu, on remarque une console. Laquelle devait probablement soutenir une statuette de la vierge ou d’un saint vénéré dans la région.
Mais plus intéressante encore est peut-être la devise, gravée sur le linteau. De part et d’autre d’un motif floral, on peut lire en effet : « mal repose qui désire ». Phrase énigmatique, citée d’ailleurs par Jean Morette, dans son livre intitulé La Lorraine dans le temps mais qui reste difficile à interpréter. Comment la comprendre, en effet ? Passe ton chemin, manant, car on repose mal ici ? Ou bien, ne te repose pas, car l’oisiveté est mère de tous les vices. La phrase, pour ma part, me fait songer au caractère opiniâtre, laborieux et courageux que l’on prête souvent aux Lorrains. Mal repose qui désire.
Et cela tombe bien, car justement, je n’ai pas l’intention de me reposer de sitôt ! Car la Lorraine regorge, assurément, de trésors incroyables !