Né le 17 novembre 1730 à Folkling le jeune Hansnickel Philipp fut ordonné prêtre en 1754. Après avoir été vicaire à Falck, administrateur de la paroisse de Neufgrange, il devint curé de Béning puis de Munster à partir de 1773. Il se consacra outre ses charges paroissiales à la rédaction de plusieurs ouvrages : d’abord la traduction des psaumes de David puis des ouvrages destinés à l’instruction chrétienne de la jeunesse.
Une particularité de son travail a été de se tenir proche de la culture populaire qu’il côtoyait quotidiennement. L’introduction de chants plus contemporains dans le répertoire se doublait de la proximité linguistique de la Lorraine allemande comme on la dénommait à l’époque. La traduction des psaumes de David et l’écriture du « Lehr- Gebet- Geasang- und Schulbuch » sont à comprendre dans cette optique.
Malgré l’accord de son évêque Louis-Joseph de Montmorency-Laval en 1784, dont les travaux avaient inspiré ses chants, son livre ne put pas paraître pour des raisons officiellement liées à l’éditeur mais demeurées obscures. On ne peut pas s’empêcher de penser aux suites de la politique initiée en Lorraine par Chaumont de La Galaizières dans le but de faire disparaître les parlers locaux non conformes à la langue française du Royaume. Le livre finit par paraître hors de la Lorraine, à Strasbourg en 1789, sans mention du nom de l’auteur (von einem Pfarrh. des metzer Bistums).
La révolution française mit fin au travail de l’abbé Philipp dans sa paroisse car il refusa le serment constitutionnel. Exilé à Trèves, il ne revint dans sa paroisse que sous l’Empire. La pierre qui recouvrait sa tombe fut murée dans le chœur de l’église qu’il avait restaurée et embellie à plusieurs reprises. Les travaux d’agrandissement entrepris par ses successeurs achevèrent son œuvre lorsque la collégiale prit son allure actuelle avec ses deux tours monumentales qui ont inspiré l’architecture de la cathédrale de Denver, qui a d’ailleurs été érigée par un enfant de Munster.
Les livres de Philipp sont cependant restés longtemps une référence dans le chant liturgique. Ils furent réimprimés en 1829 à Saverne. Malheureusement la transcription musicale n’a pas été imprimée. Il semble cependant qu’elle ait existé et qu’elle fut entre les mains d’un instituteur de Béning, qui les aurait transmises à Nicolas Colson. On comprend, lorsqu’on connaît ses convictions, que son œuvre ait inspiré Louis Pinck qui l’a évoqué à plusieurs reprises. Angelika, sa sœur, recueillit encore après la Seconde Guerre mondiale bon nombre de mélodies de ces chants interprétées par les Lorrains. Certaines ont été alors publiées avec leur notation musicale.