Fraimbois est un petit village du Lunévillois où il n’y a pas grand-chose à voir. Des maisons lorraines, une église, une route, des champs … Il y en a peut-être que ça intéresse après tout !
Non, Fraimbois, c’est autre chose. Un autre chose de mieux. De beaucoup plus drôle ! Ce sont les contes. Les Contes de Fraimbois ! Si vous ne les connaissez pas, tâchez de vous les procurer parce que, franchement, ça vaut son petit pesant de pâtés lorrains, pour rester dans le thème régionaliste.
Mais ces contes, en vérité, ne sont même pas vraiment des contes. Ici, pas de « il était une fois » et les paysans qui s’agitent et remuent dans chacune des petites saynètes ne finissent pas forcément « heureux et avec beaucoup d’enfants ». Quoique. Pour la marmaille, ce n’est quand même pas tout à fait faux. Et pour le bonheur, il faut quand même reconnaître que les beubeus qui ont du saindoux à la place de la cervelle ne sont pas plus malheureux que les autres. Parce que franchement, ils ne sont pas bien futés, les gens de Fraimbois, dans ces fameux contes.
Des contes qui ont été publiés entre la fin du XIXème siècle et la terrible année 1914, sous la forme de petites cartes postales humoristiques, parfois grivoises mais toujours moralisantes. Les textes, à l’origine, étaient rédigés en patois de Lunéville. Les historiens s’accordent à reconnaître, mais sans certitude, qu’ils pourraient être l’œuvre d’Anastase Grandjacquot et de Fernand Rousselot, deux auteurs humoristiques de la Belle-Epoque. Traduits et publiés pour la première fois par Jean Lanher, le spécialiste des patois lorrains, ils appartiennent pleinement à notre patrimoine régional.
Mais que racontent-ils au juste, ces fameux Contes de Fraimbois ? Oh, des trucs farfelus. Des histoires à dormir debout. Et qui nous font entrer, malgré tout, de plein pied dans l’humour lorrain. Tiens, cette histoire par exemple, qui raconte qu’un Prussien, un jour, se targuant d’avoir été récemment promu au grade de capitaine, s’amusa à tester la culture d’un Fraimboisien en lui demandant comment il orthographierait justement « capitaine ». Le brave paysan lui aurait répondu : « J’veux pas l’écrire à la française avec un C, ni à l’allemande, avec un K, mais vu votre tête, j’vous l’écrirais bien avec un Q, tiens ! » Le Prussien se le tint évidemment pour dit.
Il y a aussi cette autre histoire, qui raconte comment les gens de Fraimbois furent alarmés, un jour, de voir les services publics travailler sur la route départementale. En vérité, c’était surtout l’énorme rouleau compresseur qui les inquiétait le plus. « Môôn ! qu’ils disaient tous comme ça, mais s’ils nous aplatissent la route comme une pâte à quiche, c’est que ça sera encore plus long pour aller à Lunéville, du coup ? » Ah vraiment, impayables ces Fraimboisiens !
Ou cette histoire, qui raconte comment cette pauvre Fraimboisienne a erré, toute une journée, dans les rues de Nancy, à la recherche du docteur Hopathe. Tout ça parce que sa voisine lui avait recommandé d’aller consulter un homéopathe. La pauvre femme avait malheureusement compris un docteur « nommé Hopathe ». Mon Dieu, c’est qu’ils n’auraient quand même pas la lumière à tous les étages, les gens de Fraimbois.
Mais la meilleure, et la plus célèbre aussi, reste quand même l’histoire de la Catherine. Celle qui s’est mariée à Fraimbois et qui a eu droit, dans le registre d’état-civil, à voir son prénom orthographié Quatherine, parce que l’employé de mairie n’avait pas dû aller beaucoup à l’école. Voyant la faute dans le livret, le maire a évidemment voulu corriger. Il a demandé au garde-champêtre, qui était juste à côté de lui à ce moment-là, de prendre son sabre et de gratter le papier, juste pour ôter les deux premières lettres. Mais l’autre, qu’était fort comme un taureau, gratta tellement fort qu’il finit par touer la page ! Du coup, on a marqué, dans la marge du registre communal, en guise de procès-verbal : c’est le garde-champêtre qui a fait le trou dans le Q de Catherine.
Histoires à rires, probablement issues de ces récits qui se transmettaient au coin du feu durant les longues veillées d’hiver, les lourres comme on disait chez nous, les Contes de Fraimbois nous font entrer dans les mentalités paysannes lorraines tout en nous permettant de saisir ce qui faisait rire nos ancêtres. Le patois dans lequel ils sont rédigés, tout comme les sujets qu’ils évoquent avec plus ou moins de légèreté, s’inscrivent dans un patrimoine immatériel, fragile et encore trop méconnu. Tout Lorrain qui se respecte se devrait pourtant d’avoir lu, au moins une fois dans sa vie, les truculents Contes de Fraimbois !
J’adore ces historiettes. Ma grand-mère originaire de Donjeux dans le Saulnois, née en 1880 m’avait rapporté une petite anecdote de mon arrière grand-père, né au milieu du 19ème siècle qui s’était rendu à Delme avec un ami. Il avait vu un drôle d’engin pour la 1ère fois qu’il ne connaissait pas. Il pose la question à son ami qui lui répond que c’était un vélocipède. L’arrière grand-père de retour chez lui et qui ne parlait qu’en patois, dit à sa femme : “Tu ne sais pas ce que j’ai vu à Delme, et bien figures-toi que j’ai vu “i rosupète”. “I rosupète” que lui répond sa femme, mais bien sûr” qu’i rot a su sès pète”s. (mais bien sûr qu’un matou est sur ses pattes) qu’est-ce que tu me chantes là ! Rosupète se décortique : ro su pètes, soit : matou sur pattes.
Cela ressemble un peu aux petites historiettes des comtes de Fraimbois.
Excellent !!! Vite que je puisse trouver ces fameux contes de Fraimbois
Bonjour
Savez vous qu’à l’origine il y a un fait avéré – bien avant les contes- cf ’’histoire de Lunéville ’’ par C Marchal 1829 pages 38 et 39
L’auteur parle du maire de Fraimbois qui glisse sur le parquet et renverse son pot de lait devant Léopold, suivi par ses accompagnateurs. On retrouve cet épisode dans les contes de l’instituteur