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Assistance à la Formation Nucléaire à Boulay-Moselle

Crédits photo : Jean-Marie MATHE pour le Groupe BLE Lorraine

Un centre de formation AFN pour Assistance à la Formation Nucléaire a dernièrement ouvert à Boulay-Moselle. La demande est forte dans ce secteur et la formation y est obligatoire. Avec son chantier-école, l’un des plus grands de France, cet espace de formation offre des conditions idéales d’apprentissage.

La France compte 58 réacteurs nucléaires répartis dans 19 centrales. La filière pèse 220 000 emplois. Treize organismes de formation sont agréés pour le nucléaire. Parmi eux, plusieurs géants et un petit poucet, AFN pour Assistance à la Formation Nucléaire, dont le siège est à Boulay. Formée par son père, Victoria Stomp a décidé de créer sa propre structure en 2010 à Saint-Avold et à Mundolsheim, dans le Bas-Rhin. Elle s’est par ailleurs lancée dans la construction d’un chantier-école pour faire des formations dans le nucléaire. AFN est une Société par Actions Simplifiée (SAS). Victoria est l’une des deux actionnaires et présidente.

BLE Lorraine : Pouvez-vous nous présenter AFN ? Pourquoi avez-vous décidé de vous implanter à Boulay ?

Victoria Stomp : « AFN est un organisme de formation qui emploie quatorze personnes, sept hommes et sept femmes répartis sur trois sites : Hoerdt près de Strasbourg, Florange et Boulay. Nous formons chaque année entre 5 et 6 000 personnes. De 2011 à 2018, nous étions locataires à Saint-Avold et une opportunité s’est présentée à Boulay pour acheter les anciens bâtiments et terrains de JD Travaux et de la SIB (Schlemmer Industry & Building Parts). En plus, Boulay est très bien situé. Il fallait construire plus grand pour répondre au nouveau cahier des charges d’EDF et aux nouvelles réglementations. Le centre de formation que je dirige a ouvert début janvier. Il a représenté un investissement de près d’un million d’euros. C’est énorme pour une petite structure comme la nôtre. Notre taille nous permet cela dit d’être proches de nos clients et d’être réactifs. »

Grâce au chantier-école les apprenants peuvent évoluer dans un espace reconstitué presque à l’identique à celui d’une centrale nucléaire (Crédits photo : Jean-Marie MATHE pour le Groupe BLE Lorraine)

BLE Lorraine : D’où viennent les stagiaires et quelles formations suivent-ils ?

V.S : « AFN est spécialisée dans la formation de personnes intervenant en centrales nucléaires. Celle-ci représente 60 % de notre chiffre d’affaire. Nous avons également un autre domaine d’activité important, la sécurité classique. Nous délivrons aussi les habilitations électriques, le CACES (Certificat d’Aptitude à la Conduite en Sécurité) cariste, nacelle et pont, ainsi que des formations en secourisme, en management et en informatique. En attendant que les 480 mètres carrés contigus au chantier-école soient aménagés pour le CACES, le site de Boulay s’est spécialisé en « qualité sûreté et nucléaire » grâce à son fameux chantier-école. Suite à l’audit de la fin 2018, il a obtenu son agrément après avoir respecté 212 exigences draconiennes pour les chantiers-écoles SCN-CSQ (Savoir Commun Nucléaire – Complément Sûreté Qualité) et RP (Radioprotection). La formation de base « SCN1 », après 35 heures de théorie et de pratique, débouche sur un certificat, à condition d’avoir plus de 15 sur 20. Tout le cursus, SCN, CSQ et RP, s’effectue en trois semaines pour appliquer les règles de base spécifiques aux interventions en CNPE (Centre National de Production d’Electricité). Cette formation est obligatoire pour travailler dans une centrale nucléaire, même pour les femmes de ménage. Quant aux stagiaires, ils viennent majoritairement de Lorraine et de l’Est de la France, voire de Flamanville, de Bugey ou de Nogent. Il y a aussi de plus en plus d’Allemands. Envoyés par des sociétés, des agences d’intérim ou Pôle Emploi, leur casier judiciaire doit être vierge, ils doivent parler et écrire le français et avoir passé des visites médicales. De plus, nous répondons également aux demandes en italien, croate, portugais et anglais. Ce qui est une force complémentaire ».

BLE Lorraine : Quel est le profil de vos formateurs ?

VS : « Hoerdt forme uniquement à la sécurité classique et au CACES, Florange et Boulay au nucléaire. Pour ces deux derniers sites, nous avons quatre formateurs. Avec Bac ou BTS, ils ont une formation très stricte validée par EDF avec notamment une expérience minimale d’un mois en centrale, une formation PCR (Personne Compétente en Radioprotection) et pédagogique. Ils se recyclent régulièrement. J’ai la chance d’avoir une très belle équipe ! ».

Un des plus grands chantiers-écoles de France 

Avec 800 mètres carrés et 900 000 euros d’investissement, le chantier-école de l’AFN à Boulay-Moselle est la réplique d’une centrale nucléaire. A l’instar du centre d’Amnéville, c’est un bel outil, l’un des plus grands de France, pour lequel l’AFN a mis les moyens. Un ancien hangar a été aménagé pour reproduire une centrale nucléaire avec un sol en résine, de la signalisation, un sas de contrôle, des salles de décontamination et des vestiaires. Quand le groupe de stagiaires, douze au maximum, encadré de deux formateurs, pénètre dans ce bijou de technologie, le sens de circulation y est unique avec des barrières anti-retours. Ces stagiaires sont dans une situation très proche de la réalité. Chaque pièce a son code et une couleur normalisée. Cela commence par la salle de commande avec ses systèmes d’alerte. C’est l’un des rares sites en France à disposer d’un ordinateur qui gère le tout, avec une IHM (Interface Homme Machine). Pour apprendre la sécurité, chaque pièce est référencée avec les consignes à suivre sur chaque porte, que l’on soit électriciens, soudeurs, désamianteurs, tuyauteurs ou calorifugeurs. « Tout ce qui est nucléaire a des coûts faramineux », rappelle Eric Schneider, superviseur. Trois zones distinctes se trouvent dans cette minicentrale : le côté « radioprotection » très contrôlé avec uniforme blanc obligatoire, le côté « Everest » avec bleu de travail et le côté « SCN-CSQ ». Toutes les pièces y sont en double comme dans une vraie centrale nucléaire. En raison d’un cahier des charges très pointilleux, le tout est étroitement contrôlé par de nombreux audits dans l’année. Avec le vieillissement des centrales, voire la fermeture de certaines d’entre elles, cet espace de formation a encore de beaux jours devant lui.

Propos recueillis par Jean-Marie MATHE pour le Groupe BLE Lorraine.

Rédigé par Jean-Marie MATHE

Passionné de médias et correspondant local en Pays Boulageois pour le Groupe BLE Lorraine.

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