Après un premier beau-livre sur la Moselle, Ugo Schimizzi poursuit son exploration des lieux insolites et secrets de Lorraine à travers un nouvel ouvrage sur la Meurthe-et-Moselle. Le second d’une série de quatre consacrée à chaque département lorrain. Entre livre initiatique et de voyage, le jeune auteur dévoile tout son art de la photographie et le talent de sa plume pour nous emmener à la découverte d’un territoire encore trop largement méconnu.
BLE Lorraine : Pourquoi avez-vous choisi de vous intéresser à la Meurthe-et-Moselle pour ce second livre de voyage à travers la Lorraine ?
Ugo Schimizzi : « C’était pour moi une suite logique. Le premier ouvrage était consacré à la Moselle, qui n’est autre qu’une partie de la Lorraine composée de l’ancien département de la Moselle et de la Meurthe. Finalement, alors que nous fêtons cette année les 150 ans de la Guerre de 1870, il est intéressant de voir les points d’accroche et la manière dont ces deux départements sont liés, plutôt que de comparer leurs différences. Il est vrai également que résidant à Metz, par rapport aux autres départements de la Lorraine, il m’était plus facile de me rendre en Meurthe-et-Moselle dans un premier temps. Toutefois, certains lieux assez reculés demandent un peu de temps et un trajet parfois sinueux ! »
BLE Lorraine : Comment repérez-vous et sélectionnez-vous les lieux que vous choisissez de présenter ?
US : « Le choix est plus délicat à opérer qu’il n’en a l’air. Disons qu’il s’agit d’un triptyque entre l’aspect photogénique du lieu, sa relative méconnaissance du grand public et son intérêt historique. Plus précisément, il serait intéressant de cartographier tous les monuments et vestiges éparpillés en Lorraine. Toutefois, certains sont dans un tel état, qu’il n’y a plus grand chose à en tirer photographiquement parlant. D’autres, bien que visuellement intéressants n’ont pas forcément une histoire riche ou spécialement connue qui permet d’en apprendre beaucoup au lecteur. Enfin, la question de la popularité du lieu peut faire débat. Certains trouveront que des lieux sont déjà bien connus, d’autres seront ravis, comme du reste pour la Moselle, de se rendre compte des trésors localisés à quelques kilomètres de chez eux. Evidemment, historiens et passionnés de l’histoire de la Lorraine en connaîtront sûrement plusieurs, voire la totalité. Mais l’intérêt ici est bien de montrer au grand public qu’en prenant un peu de temps, sans aller au bout du monde, on peut faire des balades passionnantes et voir des paysages et des monuments magnifiques à deux pas de chez soi ! »
BLE Lorraine : Qu’avez-vous appris et découvert en parcourant ce bien curieux département de Meurthe-et-Moselle, à la forme si singulière ?
US : « Tout d’abord j’ai pu me replonger dans ce découpage voulu par le Traité de Francfort qui a quelque peu chamboulé la géographie locale. Entre la Moselle et la Meurthe, mais également au niveau de l’Alsace, du Territoire de Belfort nouvellement créé et des Vosges. Ensuite, c’est la diversité une nouvelle fois du département qui m’a surpris. Cela avait déjà été le cas pour la Moselle, dont j’ignorais moi-même certains de ses secrets. C’est à nouveau le cas pour la Meurthe-et-Moselle qui, de Longwy à Raon-lès-Leau, renferme elle-même des centaines d’histoires. J’ai plus particulièrement été surpris de découvrir l’existence d’un volcan au milieu de ces paysages. Le site de la 121ème Division d’Infanterie allemande de Vilcey-sur-Trey vaut également le détour ! Enfin, ce fut un plaisir de retourner dans plusieurs grands noms touristiques du département. Je pense notamment à Pierre-Percée et ses vestiges de château médiéval, l’incroyable église de Baccarat ou encore la Butte de Mousson et la Colline de Sion qui offrent toutes deux des panoramas incroyables. »
BLE Lorraine : Qu’est-ce qui vous a le plus touché dans votre pérégrination ?
US : « Années après années, je continue d’être touché par le passé industriel de Longwy et son haut fourneau couché. Ce symbole fort et mélancolique à la fois marque la fin d’une industrie qui fit battre le cœur d’une partie de la Lorraine au rythme de la production d’acier. Aujourd’hui, Longwy se réinvente comme il le peut avec cette opportunité d’avoir la Belgique et le Luxembourg à quelques kilomètres. Mais je ne peux oublier la richesse industrielle disparue. J’ai également été touché par l’accueil des propriétaires du château d’Etreval qui, comme d’autres, ont accepté de me voir soudainement photographier leur domaine et leur terre et poser des questions sur leur vie et celle de leur monument. J’ai d’ailleurs été ravi de pouvoir en apprendre autant sur ce lieu, dont Maurice Barrès entre autres, parla dans un de ses ouvrages. »
BLE Lorraine : Le troisième tome de votre exploration des lieux insolites et secrets en Lorraine nous conduira-t-il d’abord en Meuse ou dans les Vosges ?
US : « Nous irons d’abord en Meuse ! Avant tout pour une question de proximité. Mais également car dans un coin de ma tête, je souhaitais déjà sortir cet ouvrage en 2018 pour la fin du centenaire de la Première Guerre Mondiale. Toutefois, il serait très réducteur de ne parler uniquement de ce conflit en pensant à la Meuse. Là encore, il s’agit d’un département riche en histoires, à travers les âges, de la préhistoire à l’époque actuelle. Le livre est d’ailleurs bien avancé et j’ai déjà la plupart des lieux en tête. Il y aura évidemment des sites méconnus de la Première Guerre mondiale, mais également des lieux fantastiques comme le Théâtre des Bleus de Bar, à Bar-le-Duc, ou encore un magnifique château accueillant désormais une des plus vieilles brasseries artisanales de France. J’ai donc hâte d’être au printemps 2021 et si possible pouvoir reparler de cet ouvrage ! »