La route qui longe la Moselle, entre Toul et Pompey, est peut-être l’une des plus pittoresques de Lorraine. Le Plateau de Haye s’élève lentement, si bien que la rivière paraît s’encaisser, à mesure qu’on la longe en direction de l’Orient. Le mieux est encore de parcourir les quelques lieues de cet itinéraire à vélo, sur ces berges charmantes que l’on croirait sorties d’un roman de Moselly.
Là, au milieu des roseaux qui paraissent frissonner dans la brume légère qui flotte au-dessus des eaux, on découvre Gondreville et Fontenoy-sur-Moselle. Ce sont des villages anciens et riches d’un patrimoine remarquable. Des clochers d’un autre temps, qui paraissent vouloir déchirer un ciel moins gris qu’on ne le prétend. Un peu plus loin, avec ses belles arches de pierre blanche, le viaduc de Fontenoy nous permet d’enjamber un siècle et demi d’histoire. Le 22 janvier 1870, en pleine guerre franco-prussienne, des francs-tireurs font sauter deux piles du pont dans le but de couper la ligne de chemin de fer qui relie Strasbourg à Paris. La Prusse imposera à l’ensemble de la Lorraine, au titre des réparations, la coquette somme de dix millions de francs !
Mais poursuivons. Un peu plus loin, la Moselle serpente entre les collines couvertes de sombres forêts. Méandres délicats et presque sensuels, au beau desquels finit par se dévoiler la jolie ville médiévale de Liverdun. C’est un oppidum celtique, juché au sommet d’un plateau auquel on accède par une étroite bande de terre. Une ville anciennement fortifiée, dominée par la silhouette de l’ancien château des évêques de Toul et qui, bien des siècles plus tard, devait tomber dans l’escarcelle de la puissante famille Corbin. Une petite ville, dont les rues ont un arrière-goût de Provence ou de Roussillon et où les remparts, solides et puissants, offrent des points de vue remarquables sur la Vallée de la Moselle.
Plus loin encore, c’est Frouard. Et Pompey. C’est la confluence de la Meurthe et de la Moselle. Site de rencontre, jadis hérissé de hauts-fourneaux. D’usines dignes de Vulcain et qui ont produit l’acier nécessaire à la construction de la Tour Eiffel ! Un jour que le train de Nancy s’arrêtait à Pompey, ma sœur, qui devait avoir huit ans, s’écria : « mais, c’est ici, Pompéi ? » Cela me fit rire. Certes non, Pompéi n’est pas en Lorraine. Mais il fut un temps où notre Pompey avait des allures de Vésuve !
Quand je parle de la Lorraine autour de moi, ils pensent juste à la météo(froid) et villes sinistrées. Alors que, je leurs dis qu’ils y a pleins de lieux à visiter, bonne gastronomie…