La Foire Grasse de Lunéville se déroule chaque veille de Mardi Gras depuis 1417 aux alentours du château. Plus de 200 camelots et exposants y sont attendus, tout comme 20 000 visiteurs. Avec la foire agricole de Poussay, dans les Vosges, la Foire Grasse de Lunéville est la seule de Lorraine à avoir traversé les siècles. En ces temps de Carnaval, elle constitue une manifestation incontournable qui marque la fin de l’hiver.

Véritable grenier à vivres au Moyen-âge, la Foire Grasse de Lunéville s’est transformée au fil du temps et des évolutions de la société pour devenir une grande fête populaire. Sa première édition s’est déroulée à l’initiative de la confrérie des bouchers-charcutiers. A cette époque, la Foire Grasse permettait aux villageois des communes environnantes de venir faire leurs emplettes annuelles. Les camelots s’installaient alors sur le parvis des églises et aux abords du château. Habitants et autres manants glanaient, souvent par le biais du troc, des semailles, mais aussi des outils, des vêtements et des tissus. Si les représentants de tous les corps de métier se partageaient les lieux, ceux qui tenaient le haut du pavé étaient sans conteste les vendeurs de cochonnailles et d’autres mets traditionnels. Et il faut dire qu’avant de faire carême, ces quarante jours de jeûne et de pénitence avant Pâques, il était bien difficile de résister au fumet de la saucisse lotharingienne ou du fuseau lorrain ! Quand les charcuteries étaient consommées sur place, elles étaient souvent accompagnées des célèbres Loriquettes, ces gâteaux briochés aux trois cornes symbolisant les croissants de lune qui figurent sur l’emblème de la cité. Si cette spécialité a depuis été remplacée par les traditionnels beignets de Carnaval, les saucisses sont toujours sur les étals, grâce, notamment, à la Confrérie des Gousteurs de la Saucisse Lotharingienne. Après le troc des productions agricoles et des semences ou encore la vente des bêtes au cours des XVème et XVIème siècles, ce sont les machines agricoles de la révolution industrielle qui furent mises à l’honneur dans la cour du château durant le XVIIIème et le XIXème siècles, avant que cela ne soit les voitures par la suite.

De nos jours, les saucisses et saucissons, les pâtés lorrains, les jambons, les andouilles et les andouillettes, les épices, mais aussi les beignets, les churros, les gaufres ou les crêpes côtoient les articles de prêt-à-porter et divers produits manufacturés, de bricolage, d’outillage et de quincaillerie. Il y en a vraiment pour tous les goûts. Sans oublier évidemment la fameuse berlinguette, cette longue canne de sucre d’orge qui ravit les enfants et que l’on peut d’ailleurs remporter en jouant à la loterie qui porte le même nom et située face au château depuis des décennies !

Enfin, que serait la Foire Grasse de Lunéville sans les traditionnels bouquets de mimosas qui font également sa particularité depuis plus de cinquante ans. Ces derniers, qui agrémentent les étals odorants des fleuristes, contribuent aussi à marquer le renouveau et le passage de l’hiver au printemps. Ils sont généralement vendus au profit des associations caritatives de la cité cavalière.