Il n’existe aucun monument ni aucun mémorial en Lorraine qui rappelle les 250 000 Lorrains massacrés, exécutés ou morts de maladies, soit près de 60 % de notre peuple à l’époque, au cours de la Guerre de Trente Ans. Ces chiffres, nous ne les avons pas inventés. Ils sont avancés par des érudits et des historiens qui n’hésitent plus à parler de « génocide lorrain » dans leurs études. Il est grand temps que les exactions commises en Lorraine par la France et ses alliés lors de ce conflit soient enfin reconnues.

Beaucoup de gens ne le savent pas, mais il y eut des guerres entre la France et la Lorraine. C’est au cours de l’une d’entre elles, au XVIIème siècle, que l’on nomme communément la Guerre de Trente Ans, conflit qui a embrasé l’Europe entière, que la France, pays qui se réclame des droits de l’homme et qui donne des leçons aux autres sans n’avoir jamais pourtant balayé devant sa porte, causa des dommages irréversibles et inimaginables en Lorraine. Alors que presque tous les châteaux, les forteresses et les maisons fortes lorraines avaient déjà été rasés quelques temps auparavant sous ordre de Richelieu, les habitants de nombreux villages lorrains furent tous pendus à de grands arbres par des mercenaires suédois, comme à Kischeidt, dans le Bitscherland. Dans l’horreur de ce génocide lorrain, une ville entière fut même complètement détruite, La Mothe. Cette ancienne cité fortifiée demeure encore aujourd’hui le symbole de la résistance lorraine face à l’envahisseur français. Il n’en reste presque plus rien car après avoir été entièrement rasée, la ville fut ensuite recouverte d’une forêt sous Napoléon Ier. Le site fut ensuite intégré au département de la Haute-Marne, afin de le faire totalement disparaître de la conscience lorraine et de la mémoire collective. Pièce maîtresse de l’organisation militaire du Duché de Lorraine, la puissante cité fortifiée de La Mothe constituait en effet une réelle menace pour les armées françaises. En la réduisant en cendre, les Français voulaient anéantir bien plus que le danger militaire. Ils voulaient anéantir toute forme de patriotisme lorrain et toute forme d’identité lorraine.

Evidemment, cette histoire n’est pas enseignée sur les bancs de l’école à la française. La Lorraine a toujours servi de sorte de « glacis de protection » à la France face au monde germanique. Vu de Paris, notre pays n’apparaît plus désormais que comme une terre habitée d’une population bien trop docile, dont le seul destin serait de devenir la poubelle nucléaire de la France et de l’Europe.
L’histoire est toujours écrite par le vainqueur. C’est au curieux, au vigilant et au volontaire de chercher la vérité, de se forger sa propre opinion et de remettre en question la version officielle par des faits irréfutables. Nous ne pouvons qu’exhorter nos compatriotes lorrains à (ré)apprendre leur propre histoire et à ouvrir les yeux pour comprendre ce qui se passe chez eux depuis environ 250 ans.
Toute idée contraire à la pensée dominante, c’est-à-dire celle dictée par le pouvoir central jacobin, est stigmatisée et marginalisée. Tout a été fait pour que l’individu se retrouve seul face à Etat tout puissant. Ce long processus destructeur, humainement et culturellement, n’a d’autre but que de renforcer la concentration des pouvoirs et des richesses à Paris par la satellisation et l’exploitation des provinces vaincues, notamment périphériques. Les Lorrains doivent prendre conscience de la richesse de leur culture, de leurs traditions et de leur patrimoine, autant d’éléments qui ont fait la prospérité et forgé l’identité même du peuple lorrain.
Pour toutes ces raisons, il est indispensable d’exiger l’édification et l’aménagement de monuments et de lieux de souvenir rappelant le génocide lorrain perpétré par la France et ses alliés durant la Guerre de Trente Ans sur tous les sites et dans toutes les villes martyrs de Lorraine.