A une vingtaine de kilomètres au Nord-Ouest de Saint-Mihiel, le village de Neuville-en-Verdunois conserve un château célèbre pour avoir appartenu à Barbe-Alberte d’Ernecourt, dame de Saint-Baslemont, celle qu’on surnomme « l’Amazone chrétienne » et qui s’était illustrée par les actions qu’elle a menées au XVIIème siècle contre les pillages et les exactions que les Suédois et autres sujets du Roi de France commettaient alors en Lorraine.
La demeure, de dimensions assez modestes, se présente sous la forme d’un bâtiment de plan rectangulaire et couvert d’un haut toit d’ardoise à croupes. Deux tours rondes viennent flanquer les angles de la façade Nord, laquelle a conservé plusieurs fenêtres anciennes. Les tours sont coiffées de toits coniques qui donnent à la bâtisse, de ce côté, une impression générale à la fois noble et austère. La façade opposée, côté Sud, a quant à elle été réaménagée au XVIIIème siècle. Elle aligne sept travées de fenêtres à linteau en arc segmentaire, disposées sur deux niveaux. Quelques canonnières subsistent encore, ici et là, qui témoignent de la vocation défensive initialement donnée à la demeure. Une demeure qui figure par ailleurs sur le célèbre portrait de Madame de Saint-Baslemont que Claude Déruet exécuta en 1643.

On le voit, l’histoire de ce château est intimement liée à celle de Barbe-Alberte d’Ernecourt. Pourtant, elle ne saurait s’y limiter. Relevant, au Moyen-âge, du temporel de l’Evêché de Verdun, la terre de Neuville finit par dépendre de la baronnie de Creuë, laquelle était tenue par la famille de Choiseul. En 1583, un certain Christophe des Ursins rend foi et hommage à Jean du Châtelet pour les terres qu’il possède à Neuville. La seigneurie passe ensuite aux d’Issoncourt, aux Cherisey puis aux d’Ernecourt. C’est au château de Neuville que naît, le 14 mai 1607, notre amazone chrétienne. Unique enfant survivant du Chambellan du Duc de Lorraine, Simon d’Ernecourt et de Marguerite de Watronville, elle reçoit une éducation particulièrement soignée. Le 29 février 1624, alors qu’elle n’a que seize ans, elle est mariée à Jean-Jacques de Haraucourt, seigneur de Saint-Baslemont. Portant vêtement d’homme, elle va combattre, durant la Guerre de Trente Ans, contre les armées qui ravagent alors la contrée. En 1644, son mari est tué au combat et son fils de quatorze ans est emporté par la peste. Deux ans plus tard, sa fille et héritière, Marie-Claude d’Haraucourt, épouse Louis des Armoises. On lui doit quelques écrits, notamment Les Jumeaux martyrs, une tragédie imprimée à Paris en 1650. Elle meurt à Neuville, le 22 mai 1660. Elle est alors âgée de 53 ans. Son tombeau est toujours visible dans l’église de Neuville-en-Verdunois, à deux pas du château.
Un château qui, à sa mort, passe donc à la famille des Armoises. Cette dernière conserve la demeure jusqu’en 1719, date à laquelle elle est revendue à un certain Monsieur Langlois de Langécourt. A partir de 1770, il est revendu à plusieurs reprises. Les actuels propriétaires entretiennent le château avec beaucoup de soin. Mais celui-ci étant propriété privée, il n’est pas possible de le visiter.