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Sainte Apolline patronne des dentistes en Lorraine

« Le Martyre de Sainte Apolline », enluminure de Jean Fouquet extrait du « Livre d'heures » d'Etienne Chevalier

Née dans l’Egypte du IIIème siècle, Sainte Apolline n’a rien de lorrain. Mais son martyre, particulièrement barbare, en a fait l’intercesseur désigné de tous ceux qui souffrent de caries et de rages de dents. Et comme ces maladies n’étaient pas moins fréquentes en Lorraine qu’ailleurs, Sainte Apolline a vite joui, dans nos régions, d’une exceptionnelle popularité. L’église de Nubécourt, en Meuse, conserve par exemple un magnifique vitrail de la Renaissance qui représente la sainte avec la tenaille de son supplice entre les mains.

vitrail Sainte Apolline
Vitrail de Sainte Apolline en l’église de Nubécourt en Meuse (Crédits photo : Kévin GOEURIOT pour le Groupe BLE Lorraine)

On connaît mal la vie de cette chrétienne de la première heure fêtée le 9 février. Seule une lettre, rédigée par Denys, un ancien évêque d’Alexandrie à l’intention de son collègue d’Antioche, nous rapporte la manière dont elle fut suppliciée. D’après le texte, les bourreaux d’Apolline, qui venaient déjà de mettre à mort Métras et Quinta, sur le seul motif qu’ils étaient Chrétiens, choisirent de lui fracasser la mâchoire et de lui briser toutes ses dents. Ils approchèrent ensuite la pauvre Apolline d’un bûcher et l’exhortèrent à renier le Christ. Mais, toujours d’après la lettre de Denys d’Antioche, celle-ci s’excusa poliment de ne pas pouvoir accéder à la requête de ses bourreaux et, d’un geste rapide, elle alla se jeter au milieu des flammes.

Ce martyre, tout à fait atroce, valut à Apolline de devenir patronne des dentistes. En Lorraine, on connaît plusieurs représentations de la sainte qui toutes, attiraient les personnes souffrant de maux de dents. Traditionnellement figurée avec une tenaille ou une dent entre ses mains, Sainte Apolline a effectivement fait l’objet d’un culte important, à une époque où les connaissances médicales étaient aussi empiriques que les superstitions étaient démesurées.

dentiste dent

Dans son ouvrage intitulé Traditions populaires, croyances superstitieuses, usages et coutumes de l’ancienne Lorraine, M. Richard nous apprend qu’à Cornimont dans les Vosges, on croyait autrefois que pour se prémunir du mal de dents, il suffisait de réciter, entre l’élévation de l’hostie et celle du calice pendant la messe, un simple pater noster. Une étonnante croyance, heureusement supplantée par le savoir-faire de nos dentistes qui, avec leurs bridges, couronnes et autres plombages, ont remisé ces traditions dans les placards de nos grand-mères.

Rédigé par Kévin GOEURIOT

Historien de la Lorraine, écrivain et professeur d’histoire-géographie pour le Groupe BLE Lorraine.

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