Etait-il Lorrain ? Ou Alsacien ? Où est né Léon IX ? A ces questions, les historiens n’ont toujours pas apporté de réponses concrètes. Les Alsaciens prétendent qu’en tant que fils du Comte Hugues IV d’Eguisheim, il serait né dans ce village, en l’an 1002. Les historiens lorrains notent qu’au contraire, sa mère étant Helwige de Dabo, le futur Pape Léon IX serait né de l’autre côté des Vosges, à Dabo, Walscheid ou Abreschviller. En fait, la question est posée par un texte, rédigé par un certain Wibert dans le courant du XIème siècle, et dans lequel on peut lire que notre homme « est né aux confins de la douce Alsace ». Une phrase bien sibylline, qui a donc fait couler beaucoup d’encre.
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Quel que soit son lieu de naissance, Léon IX, qui avait reçu, le jour de son baptême, le prénom de Brunon, a passé 39 ans de sa vie en Lorraine. Dès l’âge de cinq ans en effet, il est envoyé auprès de l’Evêque de Toul Berthold, afin d’y faire ses études. Brillantes, celles-ci le conduiront à devenir évêque de la ville, en 1027. Brunon n’a alors que 24 ans !
Dès lors, le tout jeune évêque de Toul se consacre à la réforme des monastères de son diocèse, tentant de rétablir la discipline ecclésiastique et luttant activement contre la simonie et le mariage des prêtres. Puis, en 1048, la mort du Pape Damase II lui ouvre d’autres perspectives.
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Couronné pape le 12 février 1049 sous le nom de Léon IX, l’ancien évêque de Toul est avant tout un infatigable voyageur. Rien que pour son premier voyage, il ne parcourt pas moins de 3 000 kilomètres à travers le Saint Empire. Partout où il va, il tente de semer la bonne parole et d’appliquer sa propre devise qui proclame que « la Terre est pleine de la miséricorde divine ». Réformateur, Léon IX s’applique surtout à diffuser le principe de la Trêve de Dieu, censé interdire la guerre pendant certains jours de la semaine, ainsi que durant le Carême et l’Avent.
On a également longtemps attribué à Léon IX le fameux schisme qui, en 1054, mit dos à dos l’Eglise catholique romaine et l’Eglise orthodoxe. En vérité, c’est à l’émissaire papal Humbert de Moyenmoutier qu’il faut en imputer la faute. Ce dernier, qui n’avait franchement rien d’un diplomate, prend la mouche et rédige lui-même l’acte d’excommunication du patriarche de Constantinople. En guise de réponse, le patriarche excommunie à son tour le légat pontifical. Nous sommes en juillet 1054. Or, Léon IX est mort depuis le 19 avril.
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Curieusement, dans le diocèse de Toul, aucune paroisse n’a été placée sous le patronage de Léon IX. Des églises lui sont bien dédiées, mais elles sont rares. On citera pour l’exemple celle de Nancy, située près de la gare et la chapelle Saint Léon, érigée au sommet du Rocher de Dabo. Mais nous ne sommes plus, dans ce dernier cas, dans le diocèse de Toul. Pour tout dire, nos voisins Alsaciens se réclament davantage de Léon IX que nous autres Lorrains. A Eguisheim notamment, on est fier de vous monter la chapelle où serait né le Saint prélat. Le nom du 38ème évêque de Toul, seul Lorrain avec Etienne IX, à s’être assis sur le trône de Saint Pierre, mériterait donc d’être réhabilité. Car derrière ce personnage emblématique du Moyen-âge se cache, en définitive, une véritable ode à la paix, au courage et à l’œcuménisme.