La fête des rois constitue le dernier chapitre de l’histoire de la Nativité. Elle clôture également les célébrations liées au solstice d’hiver commencées en Lorraine il y a un mois avec la Saint-Nicolas. Chez nous, outre les fameuses pâtisseries, de nombreuses crèches ont fleuris depuis l’Avent. Mais quelle est la véritable signification de la fête de l’Epiphanie ?
En grec, « Epiphanie » signifie avènement. Ce mot est lié à la naissance de Jésus. Il s’agit de la fête des rois mages venus s’incliner devant le Christ. Mais en réalité, cette journée particulière remonte à des célébrations plus anciennes. Ainsi, dans l’Egypte ancienne, on fêtait le 6 janvier la renaissance du Soleil et la crue future du Nil. A Rome, autour du 20 décembre, lors des Saturnales, on inversait l’ordre établi en choisissant le roi d’une journée. C’est de là, comme de l’Evangile avec les mages, que vient la coutume de tirer les rois. Lors des Saturnales, le roi tiré au sort pouvait faire tout ce qu’il voulait. Plus tard, le 28 décembre, pour célébrer les Saints Innocents, l’ordre social était également inversé pendant un jour, afin de conjurer le mauvais sort. Toujours à Rome, le culte du dieu Mithra était assuré par des mages qui observaient les astres.
La forme ronde et la couleur dorée de la galette, qui symbolisent le Soleil, se rattachent donc à un culte préchrétien. La fève fait quant à elle référence à la fécondité et est annonciatrice du printemps.
De même, l’Evangile selon Saint Mathieu explique qu’après la Nativité, des mages sont venus d’Orient, guidés par une étoile pour rendre hommage à l’Enfant Jésus en lui apportant trois cadeaux. La tradition transforma plus tard ces magiciens en rois, tout en précisant leur nom, leur âge et leur nombre qui représente les différents continents alors connus. On distingue ainsi pour l’Europe, Melchior, le plus âgé, qui offre l’or, pour l’Asie, Gaspard, le plus jeune, qui fait cadeau de l’encens et pour l’Afrique, Balthasar, le roi noir, qui apporte une résine parfumée, la myrrhe.
L’Eglise naissante chercha par conséquent à remplacer les fêtes païennes liées au solstice d’hiver en célébrant la naissance de Jésus. La première date choisie, le 6 janvier, commémorait à la fois la Nativité, l’adoration des mages, le baptême dans le Jourdain, ainsi que le premier miracle aux noces de Cana. Puis, au milieu du IVème siècle, afin de mieux couvrir les anciennes fêtes païennes, l’Eglise d’Occident avança Noël au 25 décembre. L’Epiphanie, qui resta fixée au 6 janvier, est de nos jours fêtée le premier dimanche qui suit le Nouvel An.
En Lorraine, terre d’immigration, d’autres traditions, comme la Befana, ont été apportées lors de l’arrivée des ouvriers italiens venus travailler dans les mines et la sidérurgie. La Befana doit son nom à la déformation du mot Epiphanie. Selon la légende, cette sorcière avait été avertie de la naissance de Jésus par les mages. Mais cette dernière refusa de sortir de chez elle pour leur indiquer le chemin. Prise de remords, elle erre encore, chaque nuit du 5 au 6 janvier, juchée sur son balai, et distribue des cadeaux aux enfants endormis dans l’espoir que l’un d’eux soit le Petit Jésus. Dans toutes les maisons, on accroche alors une chaussette près de la fenêtre ou de la cheminée. Le matin, elle est remplie de bonbons et de sucreries ou … de charbon pour les enfants moins sages. Un gâteau en forme de sorcière est confectionné pour l’occasion. En Lorraine, la Befana a été célébrée par les premières générations d’immigrés avant d’être concurrencée par la Saint-Nicolas. Cela dit, cette fête se perpétue toujours dans certaines associations.