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Histoire du vieux château de Longwy

Le vieux château de Longwy tel qu'il était en 1650 (Crédits image : Ville de Longwy)

Situé entre Longwy-Haut et Longwy-Bas, le site du vieux château de Longwy constitue aujourd’hui un poumon vert au cœur de la ville. Niché au milieu de vergers et d’un arboretum, son sol porte en lui l’héritage médiéval de la cité des émaux.

Les origines de la ville de Longwy remontent au VIème siècle après Jésus-Christ. La tradition orale nous apprend que le site aurait été occupé dès le Haut Moyen-âge à une époque voisine de l’implantation du Prieuré Saint-Martin. Clotaire, fils de Clovis, Roi d’Austrasie, ayant marié sa fille Blitilde à Anselbert, Marquis d’Anvers, créa une seigneurie entre Metz et Trèves, à laquelle il donna le titre de Comté Mosellan parce qu’elle se situait sur les rives de la Moselle. Anselbert fit construire les fondations du château de Loncastre avec les débris d’un camp romain nommé Tiltelberg, lui-même ancien oppidum celtique, sur un promontoire rocheux en partie boisé. Celui-ci fut occupé jusque vers l’an 400. C’est dans ce château, progressivement agrandi et qui se serait développé à partir du IXème siècle selon la dédicace de la première église Saint-Dagobert, que se sont regroupés les premiers habitants de Longwy. Les fortifications et les bâtiments qui composaient cette ville ont ainsi évolués plus de huit siècles durant.

Tour de la Chapelle Longwy
La Tour de la Chapelle avant son effondrement partiel (Crédits photo : Aimelaime)

A l’époque médiévale, le château était composé de trois parties. Tout d’abord le donjon, qui comprenait cinq tours reliées par des courtines, deux portes avec fossé et pont-levis, un palais seigneurial, un puits et des écuries. Ensuite le bourg, qui servait de refuge à l’Abbaye d’Orval et au Prieuré de Mont-Saint-Martin. Il s’y trouvait également un couvent, un puits, une place d’armes, un four à chaux et l’église Saint-Dagobert. Enfin le marché, avec 36 maisons, des puits, un moulin à vent, une halle et trois portes d’accès au château. L’ensemble de la fortification castrale s’étendait sur une longueur de 450 mètres, d’où ses anciens noms de Loncastre, Longus-vicus, Lonvic et enfin Longwy.

La ville de Longwy-Haut était quant à elle enceinte de puissantes murailles jalonnées d’un ensemble de 36 tours, poternes et boulevards. Longwy-Bas a quant à lui était créé sur les berges de la Chiers au XIIIème siècle sous le nom de Neufville

Construit et reconstruit au fur et à mesure des destinées militaires qui virent la ville passée successivement entre les mains du Luxembourg, du Barrois et de la Lorraine, le château était considéré au XVIème siècle comme la troisième forteresse la plus importante du Duc de Lorraine. Une garnison l’occupait en temps de guerre, comme pendant la Guerre de Trente ans et le fameux siège de 1636.

Le château de Longwy en 1646 après le siège de la ville par les Français

Après le nouveau siège de 1670 par les Français, Louis XIV souhaita alors élever une nouvelle ville haute comme place forte pour préserver la cité qu’il venait d’être annexée au Royaume de France. Il ordonna de raser entièrement la forteresse, ce qui fut fait à hauteur des élévations. Toutefois, de nombreuses fondations ne furent pas détruites puisque durant la campagne de fouilles de 1955-1957, les Amis du Vieux Longwy mirent au jour une première tour, aujourd’hui identifiée comme étant la Tour de la Chapelle. 35 ans plus tard, l’association Castelvicus, qui avait repris le flambeau, retrouva la Tour de la Prison à trente mètres de la première, ainsi que la muraille joignant les deux ouvrages. Ces deux tours, depuis en partie effondrées, présentent des épaisseurs de murs de près de 2,5 mètres. Elles devaient dépasser les 25 mètres de haut. La Tour de la Chapelle comprend encore un escalier à vis, aujourd’hui également effondré et interdit au public, qui débouchait sur une poterne en partie basse. La rue actuelle du Vieux Château reprend quant à elle le tracé de l’ancien fossé qui séparait le donjon du marché.

S’il ne reste plus grand-chose de nos jours du vieux château de Longwy, on estime néanmoins que les fondations de l’enceinte du bourg et du donjon résident encore sous les remblais de terre et sous le promontoire actuel, même si la majorité des pierres du château a servi à construire les remparts de Vauban à partir de 1679, aujourd’hui inscrits au patrimoine mondial de l’humanité par l’UNESCO. Le vieux château de Longwy présente donc un potentiel archéologique incontournable.

Site du vieux château de Longwy (Crédits photo : Ville de Longwy)

Par ailleurs, sur la partie la plus élevée du site, à l’emplacement du donjon médiéval et d’une redoute datant du XVIIIème siècle, un système casematé du type Serré de Rivières fut édifié en 1884. On y accède par un passage voûté en partie effondré à la suite du bombardement de la ville au mois d’août 1914. On y distingue encore une citerne maçonnée avec soin qui alimentait en eau les défenseurs. Celle-ci est régulièrement remplie en abondance, même en période de canicule. En sortant de ce passage voûté, le visiteur peut distinguer quatre hauts talus de terre ou « merlons », sur lesquels étaient positionnés avant la Première Guerre mondiale quatre canons de 90 mm pointés en direction du Plateau de Mexy.

Il y a quelques années, afin de mettre en valeur et de sécuriser le site en vue de l’ouvrir toute l’année, la Ville de Longwy a installé des grilles et fait défricher les arbustes et les buissons gênants pour dégager la Tour de la Chapelle, la Tour de la Prison et la muraille qui joint les deux ouvrages. Les copeaux de bois ont été réutilisés pour le chauffage et pour tracer les chemins de ronde intérieurs du château. Les typographies et les volumétries montrent que le château médiéval gardait toute la vallée. La partie haute du site offre une belle perspective dégagée pratiquement à 360°. Le panorama s’étend sur toute la Vallée de la Chiers, à 375 mètres d’altitude. En passant par les jardins ouvriers qui subsistent, une promenade permet de découvrir le site en une heure et demie.

Rédigé par Thomas RIBOULET

Président-fondateur du Groupe BLE Lorraine et Rédacteur en Chef de BLE Lorraine.

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