Euvezin est un village-tas de Meurthe-et-Moselle, dont les rues se dispersent à partir de la place du château. La boucle du Rupt-de-Mad, enserrant cette localité déjà habitée à l’époque gallo-romaine, forme comme une douve naturelle au bas du promontoire sur lequel a été érigé le château.
L’origine du château d’Euvezin remonterait au XVème siècle bien qu’une seigneurie soit attestée dès le siècle précédent. Au XVIème siècle, il fut équipé de bouches à feu. Ces canonnières en lunettes sont encore visibles à la base de la tour Sud-Est. Il fut remanié aux XVIIème et XVIIIème siècles. Il se présente sous la forme d’un corps principal massif encadré de deux tours carrées en saillie sur les angles opposés, à savoir Nord-Est et Sud-Ouest. Ses façades sont percées de trois niveaux de croisées et de fenêtres à meneaux. Le corps principal du château, rectangle de 19 mètres sur seize mètres, est coiffé d’une toiture à croupe aux versants très pentus, dont émergent deux souches de cheminée. Sa porte d’accès, datant du XVIIIème siècle, donne sur un grand vestibule avec escalier en pierre à volées droites. A l’intérieur, des boiseries et des parquets ont été conservés.
Le château marquait le pouvoir de la seigneurie qui possédait une chapelle castrale, une cour, une basse-cour, un colombier, une bergerie, un moulin, des pressoirs et des fours banaux. Dans son Dictionnaire géographique, historique et politique des Gaules et de la France, paru en 1764, l’abbé Expilly raconte que le 17 mars 1736, la terre et seigneurie d’Euvezin fut érigée en Comté en faveur de Charles-Gabriel, Comte de Rosières, ancien Colonel d’infanterie au service de la France et Chambellan du Duc de Lorraine, Léopold Ier. Henri Lepage rappelle qu’en 1736, le Comté d’Euvezin englobait le village de Bouillonville, le fief de Robert-Ménil et la seigneurie d’Euvezin. Euvezin était alors le siège d’une Prévôté. La justice était rendue sur place avec possibilité d’appel au Bailliage de Saint-Mihiel.
Occupé par les Allemands lors de la Première Guerre mondiale, le château ne reçut que quelques obus en 1918, alors que le village était détruit à 70 % lors de l’offensive victorieuse des Alliés visant à réduire le Saillant de Saint-Mihiel. L’un provoqua un trou dans la toiture. De cette période, il a conservé dans ses sous-sols des inscriptions allemandes. L’une, dominant les dates 1914, 1915, 1916 et 1917, affirme : « Eine feste Burg ist unser Gott », c’est-à-dire « Notre Dieu est une forteresse solide ».
Cette ancienne demeure est restée de longues années à l’abandon, avant que les nouveaux propriétaires ne commencent en 1998 à s’atteler à la restaurer avec le concours d’artisans locaux. Dès 1999, ils se retrouvent confrontés aux dégâts provoqués par la tempête Lothar, la toiture étant la principale victime. Le déchainement de grands vents la déplace de quinze centimètres, rendant l’édifice désormais vulnérable aux infiltrations d’eau de pluie. Avec l’aide de la Fondation du Patrimoine de Lorraine, la réfection de la toiture à croupe du château, classé aux monuments historiques en 2009, a été réalisée en 2022 et 2023. La charpente datait principalement du XVIIème siècle, bien qu’une partie ait été restaurée après 1918. Les poutres principales en chêne, toujours bien solides, ont ainsi pu être conservées. En revanche toutes celles en sapin étaient en très mauvais état. Les travaux de restauration furent menés à bien par l’entreprise Hipolite de Labeuville, dirigée par un compagnon du devoir et agréée par la DRAC (Direction Régionale des Affaires Culturelles). L’ancienne propriété des de Rozières est prête à traverser un nouveau siècle !