Avant-guerre, Metz compte 50 000 habitants, dont la moitié est allemande. Les autorités font évacuer 15 000 civils, les plus pauvres, pour ne pas avoir à les nourrir en cas de siège. Francophones ou non, ils sont envoyés en Hesse. La viande, le charbon, le blé et l’huile manquent. On introduit des pommes de terre dans la farine, on remplace le cuivre par du fer dans les munitions. Les matelas sont réquisitionnés. Il n’y a pas de coton et pas assez de laine. Chaque famille doit récolter des orties. Leurs feuilles riches en fer servent de tisanes pour les blessés, leurs tiges à confectionner des uniformes. Jusqu’en 1917, les Mosellans supportent. Après, quand les cloches sont fondues, il y a un changement de camp moral. La confiance s’effondre. La fin de l’Annexion est proche.
Il n’y a pas plus de troupes à Metz, mais davantage d’organismes liés à la gestion de la guerre. Metz vit le quotidien d’une ville frontière, à l’instar de Morhange, de Sarrebourg, de Mutzig et de Colmar. Les Messins voient passer les servants austro-hongrois des supercanons Skoda, aux obus perforants de 500 kilogrammes, utilisés pour casser les forts de Verdun. L’ensemble de la société est militarisée.
Le front est à vingt kilomètres de la ville. Il n’est pas actif en permanence, sauf au début et à la fin de la guerre avec les combats près du Grand Couronné à Nancy et au Saillant de Saint-Mihiel. Metz est une plateforme logistique, un nœud ferroviaire. C’est également une ville-hôpital. Il y a trente-deux hôpitaux au début de la guerre, douze à la fin.
La pression alliée est de plus en plus forte. Les bombardements se multiplient : six en 1914, 79 en 1915, 140 en 1916, 171 en 1917 et 308 en 1918. Ils visent surtout la gare de triage du Sablon. Ils firent au total cent morts et 200 blessés parmi les civils. Les Américains arrivent aux portes de Metz en 1918. L’offensive sur le Rupt-de-Mad, en septembre, amène les premiers blessés à Bonsecours. Un canon US installé à Dieulouard frappe Montigny-lès-Metz. Les civils allemands commencent à s’enfuir. Les Américains prévoient d’encercler Metz à parti du 14 novembre. Au courant, les Allemands savent qu’ils ne pourront pas les contrer, malgré la défense de la seconde ceinture de forts messins. L’armistice est signé, pour éviter cette défaite et la chute de Metz.
Le 11 novembre 1918 met donc un terme à la Première Guerre Mondiale et à la Première Annexion. Les dernières troupes allemandes quittent la ville le 17 avant l’aube. Les premiers Français y entrent le soir. Ils mettent fin à l’éphémère révolution bolchevique de la Place d’Armes.