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Vacé lé Tossaint

Cimetière de l'Est Tossaint

Tombe surmontée d'une statue d'ange éploré au cimetière de l'Est à Metz (Crédits photo : Etienne5962)

Lo vent d’Ardenne

Handeule les touilles

I d’poïlle nos ârbes

De zous foïllates.

~

Peus i d’vient frahh

Et i d’vient freud

I v’dièce lè pé

Et cas les as’.

~

Et lo sla qu’lut

Su les wèzons

Et su les touilles

Ne v’rèhhaufe pus.

~

Eune grand tristesse

Peūse tot èvau

És champs, és v’laīges

Et en nos-meinmes.

~

Ç’at que lè mowt

Vient de pèsser

Èvieu sè faux

Drèhau nos champs.

~

Dieuze, octōbe 1914

Eprès eune promwinnaîde su les champs d’bètèille de Biderstroff.

Après une promenade sur les champs de bataille de Biderstroff.

***

Voici la Toussaint

Le vent d’Ardenne

Balaie les chaumes

Il dépouille nos arbres

De leurs feuilles.

~

Puis il devient frais

Et il devient froid

Il vous glace la peau

Et encore les os.

~

Et le Soleil qui luit

Sur les gazons

Et sur les chaumes

Ne vous réchauffe plus.

~

Une grande tristesse

Pèse tout partout

Dans les champs, les villages,

Et en nous-mêmes.

~

C’est que la mort

Vient de passer

Avec sa faux

En travers de nos champs.

~

Ce poème est extrait des Lamentaîtions ou chansons d’guère di soldaît maugré li (Lamentations ou chansons de guerre d’un soldat malgré lui) écrit et traduit du Lorrain roman par Joseph Frécaut, auteur natif du Saulnois. Daté d’octobre 1914, il fait partie de plusieurs poèmes écrits durant la guerre de 1914-1918.

Rédigé par Chantal TICHEUR

Ardente défenseuse du Lorrain roman, ancienne présidente du Cercle des Patoisants de Moselle

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