Au cours du XXème siècle, plusieurs histoires de sorciers ont hanté le secteur de Freyming-Merlebach. Dans leurs bibliothèques, les familles ont conservé des documents qui les évoquent. Les ensorceleurs tiraient leur pouvoir d’un mystérieux livre noir.
Tout a commencé en 1900 lorsqu’un couple a été expulsé d’un logement par les Houillères du Bassin de Lorraine (HBL). Pour se venger, celui-ci aurait jeté un sort sur cette habitation, devenue depuis maudite. Ces sorciers auraient tiré leur pouvoir d’un mystérieux manuscrit, le Septième livre de Moïse, également appelé Livre Noir. Personne ne l’a jamais vraiment vu. Les sorciers en auraient glissé une page sous l’autel du curé, qui l’aurait bénie sans le savoir, leur conférant ainsi leurs pouvoirs. Plusieurs décès inexpliqués eurent alors lieu dans la maison. Le premier en 1910. Le plancher de la chambre à coucher s’est effondré. L’occupant a été retrouvé mort à la cave. En 1926, une femme qui venait d’accoucher trouva mystérieusement la mort avec son nouveau-né. Un père de cinq enfants qui vivait-là fut ensuite tué en 1939 à la mine. Une fillette mourut enfin en 1948 sans raison particulière. Un moine capucin accepta d’exorciser le mal en bénissant toute la maison et en récitant des prières en latin. Les deux sorciers décédèrent peu après, à quelques semaines d’intervalle. Certains affirment qu’ils auraient transmis leurs pouvoirs à leurs enfants. Ces derniers ont essayé de rentrer dans la maison, mais n’ont physiquement pas réussi à franchir la porte. Comme si une force les en empêchait. La maison est toujours habitée, certainement par des gens qui ignorent tout de son passé.
Tous les anciens se souviennent également de l’affaire Ludmila Stuladx, survenue à la même époque, le 20 novembre 1949 dans une cité minière de Merlebach. Une famille échappa de justesse au lynchage. Une Polonaise, dite Ludma, était accusée de sorcellerie et de répandre des maléfices sur les maisons de la Rue d’Oradour au moyen d’arcanes, dont elle avait eu la révélation dans le Septième livre de Moïse. Tous les maux de la population du quartier lui étaient attribués, particulièrement celui de faire périr les enfants de maladie de langueur. Intrigué, un voisin, qui avait remarqué que ses enfants n’arrivaient pas à dormir sur certains coussins les éventra. Il trouva à l’intérieur des morceaux de toile sur lesquels étaient dessinés des oiseaux sans tête et sans queue. Tous les habitants du quartier firent de même avec leurs oreillers et édredons. Tous découvrirent ces fameux arrangements de plumes. Boules, escargots, spirales, étoiles, oiseaux, l’imagination populaire leur attribua toute sorte de formes étranges et les rendit responsables des maux inexpliqués. A l’époque, les sorciers étaient accusés de faire entrer le Malin à distance via des boules de plumes qui se constituaient dans les oreillers et les coussins. Une véritable chasse aux sorcières s’en suivit, la population ayant décidé de se faire justice elle-même. L’idée fut répandue par Jean Schober, surnommé le Lumpendoktor, le docteur des chiffons. Se disant maître des sorciers, ce fils et petit-fils de guérisseurs, installé dans une villa frontalière à Lauterbach, prescrivait, à raison de 1 000 francs le rendez-vous, divers traitements pour se débarrasser du mauvais esprit. Il conseillait notamment à ses visiteurs de poser des chiffons un peu partout, afin de couper la route des sorts qui pénétraient dans les maisons. Ludma décéda vingt ans plus tard, en avril 1970. Celle que tout le monde appelait la sorcière de Merlebach s’éteignit le Lundi de Pâques.