Soyons honnêtes, qui, en Lorraine, célèbre encore la Saint-Epvre, le 15 septembre ? Ce vieil évêque de Toul semble être tombé dans l’oubli. Et si son nom, aujourd’hui nous reste familier, c’est certainement parce que la curieuse église néo-gothique qui domine la Vieille Ville de Nancy porte son nom. A moins que ce ne soit grâce au gâteau homonyme que vend la Pâtisserie Adam, depuis plus d’un siècle, dans la cité ducale ?
Epvre, que l’on trouve également orthographié Èvre, avant de prêter son nom à une délicieuse pâtisserie, fut évêque de Toul. Pas longtemps toutefois car le saint ne présida que pendant sept ans aux destinées de son diocèse. Sept années d’épiscopat, durant lesquelles le saint homme s’attacha à montrer l’exemple d’une vie simple, aida les pauvres et les nécessiteux et lutta activement contre le paganisme qui régnait encore dans les campagnes. Il mourut le 15 septembre 507 et fut inhumé dans l’église Saint-Maurice qui était alors en train de se construire à quelques encablures au Sud de Toul.
Dès lors, la tombe du saint évêque devient lieu de pèlerinage. Les textes anciens nous affirment que les prières adressées sur le sarcophage de Saint Epvre finissent toutes par être exaucées. Aussi, l’église Saint-Maurice finit-elle par prendre le nom de son illustre hôte. Devenue l’abbaye Saint-Epvre-hors-les-murs, elle s’impose rapidement comme un lieu de pèlerinage fameux, ainsi que comme un moteur de la réforme monastique qui toucha la Lotharingie au Xème siècle.
Réputé guérir les chutes, notamment celles de cheval, Epvre va jouir, dans le diocèse de Toul, d’une étonnante popularité. Une quarantaine d’églises lui sont consacrées et certains villages choisissent même de se parer de son nom qui, en latin, signifie « sanglier ». Ainsi, le village de Saint-Epvre en Moselle, mais aussi les toponymes Domèvre, littéralement la maison d’Epvre, témoignent de l’importance du culte autrefois voué à cet évêque.
A Nancy, la basilique Saint-Epvre, dont le parvis domine la place éponyme, conserve le crâne du saint évêque de Toul. De style néogothique, elle fait face à la Pâtisserie Adam, unique détentrice de la recette du fameux Saint-Epvre, un gâteau moelleux, fait d’une crème au beurre parfumée à la vanille et à la nougatine et délicatement posée entre deux macarons de meringue aux amandes. Ce délice a été inventé un peu par hasard, en 1882, par un certain Monsieur Lhuillier. En 1907, la recette était brevetée. Depuis, elle est imitée, mais jamais égalée.
Alors, si vous passez par Nancy un 15 septembre, la moindre des choses est de fêter le bon vieil évêque de Toul en allant déguster, Place Saint-Epvre, une part de ce gâteau au parfum si subtil !