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Les massacres de la Vallée de la Saulx ou l’Oradour lorrain

Monument à la croix calcinée à Robert-Espagne (Crédits photo : Havang)

Le 29 août 1944, vers 15 heures, une unité de la Wehrmacht, la 3. Panzergrenadier-Division, qui avait pour mission de freiner l’avancée des Alliés vers l’Est, a rassemblé 49 hommes sur la voie de chemin de fer à Robert-Espagne. Trois mitrailleuses mises en batterie leur ont tiré dessus, puis les soldats ont achevé les blessés. Ce jour-là, deux autres hommes et une jeune fille tombèrent également sous les balles ailleurs dans le village. Dans la Vallée de la Saulx, les militaires allemands réagissaient à des actions de sabotage des voies ferrées commises par la résistance.

Selon une enquête de gendarmerie menée en avril 1945, une vingtaine d’hommes est arrivée dans le village vers 10h30. Le procès-verbal rapporte qu’après l’explosion du bureau de poste, « des groupes de soldats entrèrent dans chaque maison, surexcités, en se faisant servir du vin qu’ils buvaient à la bouteille ». Ils ordonnèrent aux hommes du village de se rendre Place de la Gare, soi-disant pour y construire une tranchée.

Panzergrenadier-Division
Insigne de la 3. Panzergrenadier-Division

Après ce massacre, les Allemands ont mis le feu aux maisons. Le village de Robert-Espagne a été détruit à 95 %. Sa reconstruction n’a débuté que dans les années 1950. De cette journée terrible, il ne reste aujourd’hui que deux poutres calcinées, posées en croix à l’entrée du village. Le seul souvenir d’un crime de guerre demeuré impuni.

Monument des fusillés à Couvonges (Crédits photo : Amassychamp)

Les massacres de la Vallée de la Saulx, près de Bar-le-Duc, ont touché cinq villages, deux jours avant leur libération par les troupes américaines, à savoir Robert-Espagne, Couvonges, Beurey-sur-Saulx, Mognéville et Trémont-sur-Saulx. Robert-Espagne a connu le bilan le plus lourd avec 52 victimes au total, sur les 86 recensées ce 29 août 1944. A chaque fois, des pillages ont eu lieu et des maisons ont été incendiées. Au total, près de 400 bâtiments ont été pillés et incendiés. Le bilan aurait pu encore être plus lourd. Peu de temps avant l’arrivée des militaires allemands, un agent de liaison du maquis a en effet croisé une sentinelle allemande qui était en réalité un incorporé de force alsacien. Celui-ci lui a alors conseillé de dire aux habitants de Beurey de fuir le village. La très grande majorité d’entre eux s’est ainsi cachée dans la forêt toute proche pour y rester trois jours et trois nuits. Un autre incorporé de force, désigné pour tirer sur les civils, a quant à lui refusé d’obéir à son lieutenant. Il réussit tout de même à échapper à la mort, l’officier ayant été tué dans un bombardement deux jours plus tard.

Chaque année, des cérémonies de commémoration sont organisées dans les différentes communes. Un monument unique devait être érigé entre Robert-Espagne et Beurey-sur-Saulx. La première pierre en avait même été posée par le Général de Gaulle, lors de sa visite le 28 juillet 1946. Mais le monument n’a finalement jamais vu le jour.

Cimetière des fusillés à Robert-Espagne (Crédits photo : Amassychamp)

Yves Entenich a réalisé un documentaire intitulé Un crime de guerre pour la télévision sur ces atrocités. D’après lui, une telle barbarie est l’œuvre de « fanatiques », des militaires de la Wehrmacht très entraînés. Ils avaient voulu recruter des unités dans la région de Bar-le-Duc, mais ils avaient essuyé des refus. Son travail l’a amené à privilégier le témoignage à l’analyse, pour proposer un film « humain ».

Les massacres de la Vallée de la Saulx sont moins connus que d’autres, comme celui d’Oradour-sur-Glane par exemple, car les villages incendiés ont été reconstruits. Dans l’Hexagone, il s’agit pourtant des massacres de civils le plus importants commis par la Wehrmacht.

Rédigé par Thomas RIBOULET

Président-fondateur du Groupe BLE Lorraine et Rédacteur en Chef de BLE Lorraine.

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